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La Turquie ouvre plus de 560 enquêtes dans le secteur du bâtiment

Le séisme qui a fait 50'000 morts en Turquie met en lumière les défaillances et la corruption du secteur du bâtiment.
Le séisme qui a fait 50'000 morts en Turquie met en lumière les défaillances et la corruption du secteur du bâtiment. / 19h30 / 2 min. / le 23 février 2023
Pour mieux comprendre pourquoi autant de bâtiments se sont effondrés suite au séisme du 6 février, les autorités turques ont lancé 564 enquêtes, selon le ministre de l'Intérieur Suleyman Soylu. Promoteurs et entrepreneurs dont les immeubles se sont effondrés comme des châteaux de cartes sont visés.

Déjà "564 suspects ont été identifiés jusqu'à présent, 160 d'entre eux ont été écroués, 18 sont en garde à vue et 175 ont été libérés sous contrôle judiciaire", a détaillé le ministre lors d'une interview sur la chaîne publique TRT.

"Nous avons interdit à toutes ces personnes identifiées de quitter le territoire", a-t-il ajouté alors que la colère gronde face aux fraudes et au manque de contrôle public de ce secteur qui a tiré l'économie turque des 20 dernières années.

Des dizaines de milliers d'immeubles se sont écroulés sans laisser la moindre chance à leurs occupants saisis dans leur sommeil par la violente secousse d'une magnitude de 7,8, survenue à 4h du matin.

La responsabilité des constructeurs en cause

La responsabilité de certains constructeurs, qui ont utilisé des matériaux de mauvaise qualité ou qui n'ont pas respecté les normes, est dénoncée dans les médias turcs et par des ingénieurs et architectes.

Plusieurs promoteurs ont été arrêtés dès les premiers jours qui ont suivi le séisme et le gouvernement affiche sa diligence pour traiter le dossier.

Le ministre de l'Environnement Murat Kurum a fait savoir jeudi que "1,250 million d'immeubles ont été examinés dans les onze provinces (touchées); 164'321 bâtiments composés de 520'000 unités indépendantes (logements, commerces) ont été détruits, gravement endommagés ou devront être détruits de manière urgente", a-t-il insisté.

"Les amnisties immobilières rendent légales des constructions illégales. Des bâtiments qui étaient hier encore destinés à être détruits deviennent légaux, et si aujourd’hui ils s’effondrent sur leurs habitants ça fera de belles ruines… légales", déplore Akif Burak Atlar, responsable de la chambre des urbanistes de Turquie au micro du 19h30.

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Le séisme qui a fait 50'000 morts en Turquie met en lumière les défaillances et la corruption du secteur du bâtiment.
Le séisme qui a fait 50'000 morts en Turquie met en lumière les défaillances et la corruption du secteur du bâtiment. / 19h30 / 2 min. / le 23 février 2023

De nouveaux logements à venir

Le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé son intention de construire 270'000 logements en un an dans les provinces dévastées.

"Nous faisons nos plans en prenant en compte le tissu culturel, l'avenir de nos enfants et de nos villes sur les terrains les plus sûrs. (...) Nous construirons les nouveaux logements avec cette conception", a affirmé Murat Kurum.

Julie Marty avec les agences

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La Suisse poursuit son aide aux victimes

La Suisse envoie à la Turquie et à la Syrie des médecins, ingénieurs et du matériel d'hiver supplémentaire pour les zones sinitrées. Quelque huit millions de francs ont déjà été débloqués pour cette catastrophe.

Des médecins suisses en Turquie

Les quatre experts médicaux envoyés ont pour mission de soigner principalement des enfants et leur mère dans un hôpital de la province. Ils renforcent l'équipe d'intervention déjà sur place depuis dix jours.

L'Aide humanitaire de la Confédération prépare aussi l'acheminement de 100 tentes familiales d'hiver et 10 tentes multifonctionnelles. Ce matériel vient s’ajouter aux 300 tentes déjà envoyées la semaine dernière en Turquie. Par ailleurs, 2000 kits d’hygiène sont en cours de distribution à la population de la ville de Kahramanmaras et de ses alentours.

La Direction du développement et de la coopération (DDC) a de son côté facilité l'acheminement de plusieurs tonnes d’équipements hivernaux donnés par un commerce de détail suisse.

Des ingénieurs suisses en Syrie

Les besoins sont également considérables en Syrie, où une équipe de la DDC avait été déployée la semaine dernière. Sur la base de son évaluation, quatre experts partiront en fin de semaine pour rejoindre Alep. L’équipe est composée de deux ingénieurs et de deux experts en sinistre.

Leur mission sera principalement de déterminer si les bâtiments encore debout sont habitables. La livraison de 300 tentes d’hiver au nord-ouest de la zone touchée par le tremblement de terre est également prévue.

L'UE assouplit temporairement les sanctions contre la Syrie

Les organisations humanitaires n'auront plus besoin de demander l'autorisation préalable des Etats membres de l'UE pour envoyer du matériel ou fournir des services aux entités soumises aux sanctions de l'UE, a déclaré le Conseil européen dans un communiqué.

Cette mesure, d'une durée de six mois, a été prise "compte tenu de la gravité de la crise humanitaire en Syrie, exacerbée par le tremblement de terre", précise le texte.

L'UE souligne qu'elle et ses Etats membres sont au premier rang des donateurs à la Syrie, avec un total de dons de 27,4 milliards d'euros à ce pays et aux voisins qui accueillent des réfugiés, comme la Turquie, depuis 2011.

Après le tremblement de terre, l'UE a fourni 3,5 millions d'euros pour répondre aux besoins humanitaires urgents en Syrie.

Des sanctions à cause de la répression

Le gouvernement syrien et les entreprises qui lui sont liées font l'objet de sanctions de l'UE en raison de la répression exercée par Damas, ce qui rend délicates les contributions européennes en matière d'aide humanitaire.

Les sanctions de l'UE, imposées en 2011, visent 291 personnes et 70 entités et prévoient le gel des avoirs et des interdictions de voyager.

La modification apportée jeudi signifie que "l'UE a dispensé les organisations humanitaires de demander l'autorisation préalable (...) des Etats membres pour effectuer des transferts ou fournir des biens et services destinés à des fins humanitaires aux personnes et entités figurant sur la liste", précise le communiqué.