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Une personne sur deux allergique en 2050? Pas forcément, relativise un spécialiste

Le réchauffement climatique aggrave les allergies aux pollens: interview de François Spertini
Le réchauffement climatique aggrave les allergies aux pollens: interview de François Spertini / Forum / 4 min. / le 23 février 2023
Alors que les symptômes typiques des allergies au pollen se font ressentir de plus en plus tôt, bien avant l'été, le Réseau français de surveillance aérobiologique estime que la moitié de la population mondiale sera allergique en 2050. François Spertini, médecin au CHUV, se veut moins pessimiste.

Eternuements en série, démangeaisons, crises d’asthme, la saison des pollens semble être infinie car ces symptômes reviennent de plus en plus tôt au fil des années. A quelques semaines du printemps, la concentration pollinique en Suisse romande est déjà au niveau quatre sur cinq.

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Et cette situation s'aggrave en raison du climat. D'ailleurs, le Réseau national français de surveillance aérobiologique met en garde contre les effets du réchauffement climatique. Si cette évolution se poursuit, l'association estime qu'il faudrait s’attendre à ce que 50% de la population mondiale soit allergique en 2050.

Elle affirme également que le réchauffement climatique aggrave les risques et rend les pollens plus allergisants.

Une question de système immunitaire

Interrogé jeudi dans Forum, François Spertini, médecin-chef du Service d’immunologie et allergie du CHUV, est plus optimiste que cette étude. "J'ai l'espoir que non nous ne serons pas tous allergiques en 2050."

"Il ne suffit pas d'être exposé à des pollens en grande quantité pour que le nombre de personnes allergiques augmente. Cela dépend du système immunitaire et donc de la génétique", explique le professionnel de la santé.

Entre les années 1950 et 1980, la Suisse a constaté une augmentation de 25 à 30% du nombre de personnes qui présentent "au moins un aspect allergique", rappelle François Spertini. Entre 1990 et 2005, ces quantités sont restées "stables". A ses yeux, il n'y a donc aucune raison de craindre "cette augmentation dramatique des 50%" avec le réchauffement climatique que nous connaîtrons en 2050. D'autant que "les pays du Sud n'ont pas des taux d'allergies insupportables".

Pas plus d'allergiques mais plus de symptômes

Même si le réchauffement climatique empire, cela n'aura pas directement d'effet sur la quantité de personnes allergiques, juge François Spertini. Par contre, ceux qui sont déjà allergiques souffriront plus. "Il est tout à fait possible, et même fort probable, qu'avec l'allongement des périodes polliniques, la sévérité de l'allergie augmente", avertit le spécialiste. En conséquence, "l'asthme pourrait être bien plus sévère, tout comme la rhinite, la conjonctivite..."

D'autres facteurs aggraveront également la situation des personnes atteintes. "La pollution de l'air a divers effets. Les particules de diesel décuplent le pollen et le CO2 a tendance à favoriser la production de pollen."

Propos recueillis par Thibaut Schaller

Adaptation web: Julie Marty

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Le gel, amis des allergiques?

Les périodes de gel en avril de ces dernières années sont peut-être un espoir pour les allergiques. "La pollinisation des bouleaux a été complètement radiée par ces périodes plus froides, donc le gel peut contrer cette tendance à avoir plus de pollen et des périodes de pollinisation plus longues", estime François Spertini.

Comment mieux supporter les périodes de pollinisation?

Pour mieux gérer les périodes de pollinisation à l'avenir, le médecin recommande de se renseigner sur le portail de MétéoSuisse. "Les allergiques devraient connaître l'état de l'atmosphère le jour où ils font un pique-nique en regardant un calendrier pollinique."

"L'essentiel, c'est d'avoir des bons médicaments pour bloquer la réaction allergique", ajoute-t-il. Sinon, "la désensibilisation fonctionne bien aussi".