Dans la ville dévastée de Hatay, les sauveteurs étaient parvenus à sauver quatre membres de la famille de Yassine, 30 ans. Mais une fois les secours partis, le jeune homme a dû se débrouiller seul. Il a envoyé sa femme et son fils, en sécurité, à Sakarya, une ville proche d'Istanbul.
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"Pendant deux jours, j'ai cherché en vain un bulldozer", se souvient-il, lundi dans La Matinale de la RTS. "J'ai appelé à l'aide. Un ami Turc est venu m'aider depuis Ankara. Tous les deux, nous avons enlevé les débris, et nous avons trouvé au moins quinze corps. J'ai sorti des décombres ceux de ma mère, de mon frère et de ma soeur, et je les ai emmenés au cimetière pour les enterrer."
La moitié de sa famille a donc été enterrée à Hatay, faute de pouvoir retourner en Syrie. "A Hatay, il y a les tombes de beaucoup de mes proches. Mon oncle y vivait, nous l'avons aussi enterré là-bas. De toute façon, c'est pas possible de retourner à Damas, il n'y a pas de bus, même pas de route."
Statut de réfugié
La famille avait quitté Damas en 2016. En Turquie, Yassine et ses deux frères adultes faisaient vivre la famille, mais ils sont aujourd'hui sans ressource. L'un est mort, le plus jeune est toujours hospitalisé, et lui-même a perdu son emploi à la suite du séisme. Mais surtout, ils ne savent pas ou aller. Car en tant que réfugiés syriens, ils n'ont pas le droit de rester à Sakarya plus de deux mois.
"Nous ne savons pas ce que nous allons devenir, parce que nous avons une permission de 60 jours. Ils nous ont donné seulement 60 jours. Mon père n'a plus de papier d'identité, plus rien. Je vais faire ce que je peux pour changer ça. Ensuite, je dois absolument retrouver un emploi et travailler."
La loi les oblige à retourner à Hatay, une ville dévastée, où trouver un emploi est évidemment impossible. Sans parler d'un logement, puisque pratiquement plus un seul immeuble ne tient debout.
Anouk Henry/vajo
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