Les émissions de CO2 liées à l'énergie battent un record mais sont plus faibles qu'attendu
"Le risque d'une croissance débridée des émissions en raison du recours accru au charbon dans le contexte de crise énergétique ne s'est pas matérialisé, l'essor des énergies solaire et éolienne, des voitures électriques, de l'efficacité énergétique et d'autres facteurs ayant freiné la montée du CO2", constate l'AIE jeudi dans une analyse basée sur des données nationales publiques.
Les émissions dues à l'énergie (plus des trois quarts du total des gaz à effet de serre) gardent "une trajectoire de croissance insoutenable", alimentant le dérèglement du climat, alerte cependant l'AIE qui appelle à agir plus fortement.
Mieux que 2021
En 2022, les émissions de CO2 des énergies ont crû de 0,9%, pour atteindre un record de plus de 36,8 milliards de tonnes, indique le rapport.
Mais, selon l'AIE, 550 millions de tonnes de CO2 ont aussi été évitées par les infrastructures nouvelles d'énergies bas carbone. L'an dernier, les renouvelables ont représenté 90% de la croissance de la production électrique.
"Les impacts de la crise de l'énergie n'ont pas généré la croissance massive des émissions que nous redoutions, et ce grâce à la croissance remarquable des renouvelables, des véhicules électriques, des pompes à chaleur et des technologies d'efficacité énergétique. Sans cela, la croissance des émissions de CO2 aurait été près de trois fois supérieure", a commenté le directeur de l'AIE, Fatih Birol.
"Cependant les émissions issues des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon, ndlr) continuent à croître, entravant les efforts visant à répondre aux objectifs climatiques mondiaux", a-t-il ajouté, exhortant les compagnies concernées à agir.
En 2021, la hausse annuelle des émissions liés à l'énergie avait atteint 6%, après une année Covid exceptionnellement en retrait.
Contexte particulier d'alimentation
L'an dernier, les émissions ont été alimentées par un recours accru aux énergies fossiles lié notamment à la recrudescence d'épisodes climatiques extrêmes ou encore aux difficultés de fonctionnement d'un nombre inédit de réacteurs nucléaires.
Les émissions générées par la combustion du charbon, qui en Asie mais aussi en Europe a souvent remplacé le gaz devenu trop cher, ont crû de 1,6%.
Les émissions liées au pétrole ont augmenté de 2,5%, restant cependant en deçà des niveaux pré-Covid. Cette croissance vient pour moitié de la reprise du trafic aérien, explique l'AIE.
Une quantité d'émissions variable selon les zones
Géographiquement, l'Asie hors Chine a vu ses émissions croître de 4,2%, tirées par sa croissance économique. La Chine, soumise à des restrictions dues au Covid, reste au même niveau d'émission.
Dans l'UE, les émissions ont reculé de 2,5%, grâce à un déploiement record de renouvelables face au retour du charbon. Aux Etats-Unis, elles ont augmenté de 0,8%, avec une forte hausse de la demande énergétique en raison de températures extrêmes.
"Les compagnies internationales et nationales du secteur des énergies fossiles engrangent des revenus record et doivent prendre leur part de responsabilité, en cohérence avec leurs engagements publics à l'égard du climat. Elles doivent revoir leurs stratégies dans le sens d'une réduction réelle de leurs émissions", a souligné Fatih Birol.
afp/juma