Dans un communiqué, l'organisation Viasna précise que deux collaborateurs de Ales Bialiatski, arrêtés comme lui en juillet 2021 et jugés à ses côtés, Valentin Stefanovitch et Vladimir Labkovitch, ont, eux, été condamnés respectivement à neuf et sept ans de prison.
Un quatrième accusé, Dmitri Soloviev, jugé par contumace après avoir fui en Pologne, a lui reçu une peine de huit ans de prison. Ils ont par ailleurs été tous condamnés à une amende de 185'000 roubles biélorusses (69'000 euros).
Répression implacable
Ce lourd verdict s'inscrit dans une nouvelle série de procès visant militants, journalistes et opposants, réprimés implacablement depuis le mouvement de protestation de l'été 2020.
Ces protestations, déclenchées après la réélection controversée du président Alexandre Loukachenko, accusé de fraudes massives, ont été matées avec des milliers d'arrestations, de cas de tortures, plusieurs décès de manifestants, de lourdes peines et des exils forcés.
A l'automne dernier, Ales Bialiatski, dont le nom est parfois orthographié Beliatski, a reçu le prix Nobel de la paix avec deux autres organisations de défense des droits humains, Memorial (Russie) et le Centre pour les libertés civiles (Ukraine).
Le militant, âgé de 60 ans, a fondé et animé pendant des années Viasna, le principal groupe de défense des droits humains dans ce régime autoritaire dirigé depuis 1994 par l'indéboulonnable Loukachenko.
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Documentation des répressions
Pendant les manifestants de 2020, l'ONG Viasna avait joué un rôle-clé dans la documentation des répressions et des arrestations visant les protestataires.
Ales Bialiatski et ses collègues sont accusés d'avoir fait entrer de grandes quantités d'argent liquide en Biélorussie et d'avoir financé des actions collectives portant "grandement atteinte à l'ordre public".
"Injustice honteuse", "farce"
Après le verdict, la principale opposante en exil, Svetlana Tikhanovskaïa, a dénoncé une "injustice honteuse". A Genève, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme s'est dit "perturbé" par le procès des activistes biélorusses. Il a à plusieurs reprises dénoncé le manque d'accès à un procès équitable.
La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a elle qualifié de "farce" le procès contre Ales Bialiatski. "Le prix Nobel de la paix Ales Bialiatski, ainsi que Valentin Stefanovitch et Vladimir Labkovitch ont été condamnés aujourd'hui à de longues peines de prison seulement en raison de leur engagement pour le droit, la dignité et la liberté des gens en Biélorussie", a-t-elle déclaré sur son compte twitter. "L'accusation et la procédure ont été une farce", a-t-elle dénoncé.
Ales Bialiatski avait déjà passé près de trois ans en prison en Biélorussie, entre 2011 et 2014, après avoir été condamné dans une autre affaire dénoncée comme politique.
ats/jfe
Plus de 1000 prisonniers politiques et des procès à la chaîne
La Biélorussie comptait 1461 prisonniers politiques au 1er mars, selon Viasna. Les Occidentaux ont adopté plusieurs trains de sanctions contre Minsk pour la répression des manifestations de 2020, mais le régime jouit toujours du soutien indéfectible de Moscou.
D'autres procès visent actuellement des militants du mouvement démocratique en Biélorussie. La figure de l'opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, en exil, ainsi que plusieurs de ses collaborateurs, sont actuellement jugés par contumace.
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Plusieurs journalistes du site internet Tut.by, le principal média indépendant de Biélorussie, restés au pays et emprisonnés, sont également jugés. Ils sont accusés notamment d'évasion fiscale et d'incitation à la haine et risquent de très lourdes peines.
Deux d'entre eux sont jugés par contumace, le troisième, Roman Protassevitch, a été ramené de force en mai 2021, après le détournement vers Minsk d'un avion de ligne à bord duquel il voyageait.
Roman Protassevitch a accepté de collaborer avec les autorités, tandis que sa compagne, Sofia Sapega, qui avait été arrêtée avec lui, a été condamnée à six ans de prison.
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