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Imbroglio autour d'un projet de légalisation des drogues dures au Canada

Des paquets de drogue préparés dans le cadre du projet de légalisation de la consommation de drogues dures à Vancouver, en Colombie-britannique. [Reuters - Jennifer Gauthier]
Polémique autour d’entreprises canadiennes ayant affirmé avoir obtenu l’autorisation de vendre de la cocaïne / Forum / 2 min. / le 4 mars 2023
Alors qu'un projet pilote de dépénalisation des drogues dures est testé au Canada, deux entreprises pharmaceutiques ont affirmé récemment avoir obtenu l’autorisation de produire et de vendre de la cocaïne. Devant le tollé, elles ont rétropédalé vendredi.

L'une de ces entreprises, Sunshine Earth Labs, a indiqué jeudi détenir une licence de l'Agence fédérale de santé du Canada pour produire et vendre de la cocaïne, sans préciser à qui ces ventes étaient destinées. Elle a ajouté être également autorisée à distribuer de la morphine, de l'héroïne et de l'ectasy.

L'autre entreprise, Adastra Labs, fabriquait jusque-là des produits liés à des extraits de cannabis. La licence d'Adastra l'autorise à produire aussi de la psilocybine et de la psilocine, des hallucinogènes plus communément associés à des champignons et dont la consommation produit des effets similaires au LSD.

Justin Trudeau en pompier

Ces annonces ont provoqué la polémique au Canada, au point que le Premier ministre Justin Trudeau a dû intervenir le lendemain, évoquant un "malentendu". Il a garanti que son gouvernement était en train de "rectifier" le tir.

Selon ses mots, certaines entreprises sont autorisées à vendre des feuilles de coca et de la cocaïne, mais à des fins de recherches et pour des "besoins médicaux extrêmement limités", et surtout "sans aucune intention" ni "aucune permission de vendre ça sur le marché, de partager ça avec les Canadiens".

Ces ventes seront destinées uniquement à "d’autres distributeurs agréés" comme certains pharmaciens, des hôpitaux ou encore des chercheurs, a complété Adastra Labs vendredi en fin de journée, ajoutant que sa licence "ne l'autorise pas à vendre [...] de la cocaïne au grand public".

Sans lien avec le test de dépénalisation

Cette polémique s'inscrit dans un contexte plus large, celui de la législation sur les drogues dures au Canada. La Colombie-Britannique, province de l'ouest du pays, expérimente depuis fin janvier et pour trois ans la dépénalisation des drogues dures comme la cocaïne, le fentanyl ou encore l’héroïne, jusqu'à concurrence de 2,5 grammes.

>> Lire à ce sujet : Le Canada dépénalise la possession de petites quantités de drogues dures

Cependant, seule la possession - et non pas la vente - de petites quantités de drogues dites “dures” est dépénalisée, avec pour objectif de lutter contre la stigmatisation associée à la consommation de stupéfiants et d'aider ceux qui n’osent pas demander de l’aide.

Autrement dit, les licences de vente accordées aux deux entreprises pharmaceutiques canadiennes ne seraient pas en lien avec l'expérimentation en cours dans la province canadienne.

Une mesure pour lutter contre la crise des opiacés

Comme une bonne partie de l’Amérique du Nord, la Colombie-Britannique est durement touchée par la crise des opiacés. En six ans, plus de 10'000 personnes sont mortes d’une overdose, soit en moyenne six décès par jour.

>> Lire aussi : Un record de 100'000 morts par overdose sur un an aux Etats-Unis

Sur le continent Nord-américain, la région de la Colombie-Britannique n’est pas la première à faire cette expérimentation. L'État américain de l’Oregon a aussi dépénalisé les drogues dures en novembre 2020.

>> Lire à ce sujet : L'Oregon est le premier Etat américain à décriminaliser les drogues dures

Sujet radio: Justine Leblond
Texte web: Vincent Cherpillod avec afp et ats

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