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Violents heurts à Athènes lors d'une manifestation après l'accident de train meurtrier

La colère monte en Grèce après la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts.
La colère monte en Grèce après la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts. / 19h30 / 2 min. / le 5 mars 2023
Des heurts violents ont éclaté dimanche à Athènes en marge d'un rassemblement après la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts mardi, suscitant une vague d'indignation malgré le mea culpa du Premier ministre. Le chef de gare mis en cause a été placé en détention provisoire.

A Larissa, la ville la plus proche des lieux de cet accident, le chef de gare mis en cause pour avoir commis une erreur fatale a été inculpé pour sa responsabilité présumée dans "la mort d'un grand nombre de personnes", un crime passible d'une peine allant de dix ans de prison à la perpétuité, selon le code pénal grec. Il a été placé en détention provisoire.

Le chef de gare, 59 ans, dont l'identité a été révélée par le ministère des Transports, a reconnu sa responsabilité dans la collision frontale entre un train de passagers et un convoi de fret, qui se sont retrouvés sur la même voie.

Responsabilités à établir

Mais les manifestants, dimanche à Athènes, réclamaient que soient recherchées les responsabilités dans l'état présumé de vétusté des équipements ferroviaires, qui a laissé le destin des passagers entre les mains d'un chef de gare inexpérimenté.

"A bas les gouvernements assassins!", "Ce n'était pas une erreur humaine!", lisait-on sur les banderoles brandies par les quelque 12'000 personnes qui criaient leur colère sur la place Syntagma, la grande esplanade devant le Parlement de la capitale grecque.

Colère et violence

Ce drame a suscité une immense colère face aux négligences et aux lacunes dans les chemins de fer. Et le rassemblement athénien, le quatrième depuis l'accident, a dégénéré en violents incidents.

Quelque 7500 personnes, selon la police, ont manifesté leur colère devant le Parlement à Athènes après la catastrophe ferroviaire en Grèce. [Keystone - AP Photo/Yorgos Karahalis]
Quelque 7500 personnes, selon la police, ont manifesté leur colère devant le Parlement à Athènes après la catastrophe ferroviaire en Grèce. [Keystone - AP Photo/Yorgos Karahalis]

Des manifestants ont lancé des cocktails Molotov et la police a répliqué avec des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes.

"Nous ressentons une rage immense!", a résumé dans le cortège Michalis Hasiotis, président du syndicat des experts comptables. "L'appât du gain, le manque de mesures prises pour la protection des passagers a conduit à la pire tragédie ferroviaire dans notre pays".

"Rien ne va dans ce pays, les hôpitaux sont à l'agonie, les écoles ferment, les forêts brûlent... Ils se moquent de qui?", a renchéri Nikos Tsikalakis, président d'un syndicat des chemins de fer.

La plupart des victimes étaient des jeunes et des étudiants rentrant à Thessalonique, la grande ville universitaire, après un weekend prolongé.

A la télévision, des images déchirantes de parents en pleurs, attendant désespérément devant un hôpital des informations sur le sort de leurs enfants, ont aussi contribué à jeter l'opprobre sur les autorités et leur gestion jugée calamiteuse de cette catastrophe.

>> Voir les premières images de la collision :

Premières images de la collision de train en Grèce
Premières images de la collision de train en Grèce / L'actu en vidéo / 55 sec. / le 1 mars 2023

Demande de pardon

Dimanche matin, avant une cérémonie religieuse à la cathédrale orthodoxe d'Athènes, le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis a demandé pardon aux familles des victimes dans une adresse solennelle.

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a demandé pardon aux familles des victimes de l'accident de train. [Keystone - EPA/Stephanie Lecocq]
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a demandé pardon aux familles des victimes de l'accident de train. [Keystone - EPA/Stephanie Lecocq]

"En tant que Premier ministre, je dois à tous, mais surtout aux proches des victimes, (de demander) pardon", a-t-il écrit. "Dans la Grèce de 2023, il n'est pas possible que deux trains circulent en sens inverse sur une même ligne et que personne ne le remarque".

"Nous ne pouvons pas, ne voulons pas et ne devons pas nous cacher derrière l'erreur humaine" imputée au chef de gare, a-t-il insisté.

Le manque d'expérience du chef de gare est en effet dénoncé depuis le lendemain du drame. Selon les médias grecs, il n'avait reçu qu'une courte formation avant de se retrouver seul, au poste de chef de gare, alors que le trafic sur cette ligne était intense en raison d'un weekend prolongé.

Selon une source judiciaire, l'enquête vise aussi "à engager des poursuites pénales, si nécessaire, contre des membres de la direction de l'entreprise" Hellenic Train, les chemins de fer grecs.

Enteprise ferroviaire conspuée

La colère est avant tout dirigée contre Hellenic Train. Le mot "Assassins" a été peint en lettres rouges sur une vitre du siège à Athènes vendredi.

L'entreprise est mise en cause pour de nombreuses négligences et lacunes ayant entraîné cette catastrophe qualifiée de "tragédie nationale" par les autorités.

Hellenic Train a été acheté en 2017 par le groupe public italien Ferrovie Dello Stato Italiane (FS) dans le cadre du programme de privatisations exigé par les créanciers de la Grèce pendant la crise économique (2009-2018).

Les représentants syndicaux des chemins de fer avaient tiré la sonnette d'alarme il y a trois semaines sur le risque d'accident.

agences/lan

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