Dans un discours revanchard, Donald Trump renvoie ses rivaux républicains dans les cordes
Donald Trump, qui a officialisé sa candidature en novembre en vue de l'élection présidentielle de l'an prochain, s'est exprimé pendant près d'une heure quarante, n'épargnant personne, y compris dans son propre camp. "Nous avons un parti républicain dirigé par des monstres, des néo-conservateurs, des mondialistes, des partisans fanatiques de l'ouverture des frontières et des imbéciles", a-t-il estimé, citant nommément plusieurs sommités du parti.
Selon l'ex-président américain, les électeurs sont fatigués des "dynasties politiques enracinées dans les deux partis [républicain et démocrate, ndlr], des intérêts particuliers pourris, des politiciens amoureux de la Chine" et des partisans de "guerres étrangères sans fin".
"Nous allons avoir une troisième guerre mondiale si quelque chose ne se passe pas rapidement", a-t-il même lancé après avoir ouvertement désapprouvé l'aide américaine à l'Ukraine. "Je suis le seul candidat qui peut faire cette promesse: j'empêcherai la troisième guerre mondiale", a assuré Donald Trump.
"90% des gens dans ce pays veulent Donald Trump"
Le CPAC était jusqu'à récemment le principal rassemblement des chefs de file conservateurs aux Etats-Unis, mais il a été entièrement avalé par le mouvement d'extrême droite de Donald Trump, "Make America Great Again". Cette édition a été marquée par les nombreuses prises de parole de trumpistes parmi les plus engagés du pays et de nombreux candidats potentiels pour 2024 et dirigeants républicains ont séché la convention.
Avant le discours de Donald Trump, nombre d'orateurs se sont succédé sur scène pour vanter leurs principes chrétiens et égrener, au fil de leurs discours, théories complotistes et rhétoriques anti-transgenres.
"Ce ne sera pas une élection équitable", a déclaré l'entrepreneur trumpiste Mike Lindell à propos de la présidentielle de 2024. "Mais quand 90% des gens dans ce pays veulent Donald Trump, il devrait gagner de toute façon, même avec des élections tordues", a-t-il ajouté.
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Pour l'essentiel, l'ex-président a lui aussi répété ses théories conspirationnistes sur les fraudes électorales et la justice américaine, acquise selon lui à la "gauche radicale", qu'il dépoussière à chaque apparition publique.
"Je suis votre justice"
Le gouverneur républicain de Floride Ron De Santis et l'ancien vice-président de Donald Trump Mike Pence n'ont pas participé à l'évènement, s'épargnant ainsi d'être hués par les fans de l'ancien président. Mais la foule a chahuté à plusieurs reprises sa seule rivale républicaine déjà déclarée dans la course à la Maison Blanche, Nikki Haley, pendant et après son apparition vendredi à la convention.
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Avant de monter sur scène, Donald Trump a déclaré avoir remporté le sondage d'opinion de la convention auprès des dirigeants républicains avec 62% des voix, loin devant son rival Ron De Santis, qui n'a récolté que 20% des suffrages.
"En 2016, j'ai déclaré: je suis votre voix. Aujourd'hui, j'ajoute: je suis votre guerrier. Je suis votre justice. Et pour ceux qui ont été lésés et trahis: je suis votre rétribution", a encore lancé l'ex-dirigeant devant une salle comble.
Vincent Cherpillod/ats/gk
"La pole position est clairement dans les mains de Trump"
"Cette convention des militants, des donateurs, des intellectuels conservateurs est un peu le point de départ de la campagne électorale pour 2024", a résumé dimanche soir dans Forum Françoise Coste, professeure d’études américaines à l'Université Toulouse-Jean-Jaurès. A ses yeux, au bout de ces trois jours, le favori est tout trouvé: "Comme on pouvait l'imaginer, la pole position est clairement dans les mains de Trump", analyse la spécialiste des Etats-Unis.
Et si l'ex-président américain prend position aussi vite sur la scène politique, plus de 20 mois avant la présidentielle, c'est parce qu'une telle campagne coûte très cher, explique Françoise Coste. Près d'un milliard, par exemple, pour celle de 2016 entre Hilary Clinton et Donald Trump. "Un événement comme CPAC permet de faire du réseautage, de convaincre les futurs donateurs et de faire en sorte que ces derniers mobilisent ensuite leur propre réseau".
Elle estime aussi que les futurs candidats républicains qui ont renoncé à faire le déplacement à la CPAC ont fait une erreur. "C'est céder du terrain à Trump et donner l'impression de ne pas avoir le courage, la carrure de l'affronter, même si c'est sur son terrain". En d'autres termes, "Ron De Santis ne fait pas le mâle Alpha", glisse Françoise Coste. "Mais il faudra bien que tôt ou tard, il aille au clash avec Trump et sa base!"
Les jeunes républicains séduits par Nikki Haley
Si le discours de Nikki Haley a été suivi par quelques huées des partisans de Donald Trump à sa sortie de scène, de nombreux jeunes participants à la CPAC ont souhaité prendre un selfie avec la candidate déclarée.
"C’est une excellente oratrice, elle dit beaucoup de bonnes choses et ferait une superbe candidate", avance l'une d'elle, qui dit la préférer à Trump "à 100%".
"Il y a tellement de gens qui détestent Trump que ça pourrait nous empêcher de gagner", craint pour sa part un jeune homme, qui regrette l'absence de Ron De Santis.