"La résistance ukrainienne à Bakhmout ne tient qu'à une route"

>> Retrouver notre suivi de la situation en Ukraine mardi : La prise de Bakhmout est nécessaire à la suite des opérations, selon Sergueï Choïgou

La Suisse pourrait se passer d'une partie de ses chars Leopard mis hors-service, a indiqué lundi le Conseil fédéral. Il ne précise toutefois pas le nombre d'engins non indispensables. L'Allemagne et la République tchèque ont proposé d'en acheter.

>> Lire en détail : Le Conseil fédéral pourrait se passer d'une partie de ses chars Leopard

Les sénateurs ont croisé lundi une première fois le fer sur la réexportation d'armes. Le Conseil des Etats renonce toutefois pour le moment à assouplir les règles.

La pression internationale augmente chaque jour pour que la Suisse autorise les réexportations d'armes. Pléthores de motions et d'initiatives ont été déposées sur le sujet dans les deux Chambres. Les parlementaires ne parviennent toutefois pas à s'entendre sur le sujet, s'écharpant notamment sur la définition de la neutralité.

Lundi, les sénateurs ont retoqué par 23 voix contre 18 et deux abstentions une motion de Thierry Burkart (PLR/AG). L'Argovien voulait introduire la possibilité de renoncer aux déclarations de non-réexportation pour les pays qui partagent les valeurs de la Suisse et disposent d’un régime de contrôle des exportations comparable.

>> Les précisions dans le 19h30 :

Le sort de Bakhmout ne tient plus qu'à un fil. Face à la puissance de feu russe, un retrait des forces ukrainiennes de cette ville est de plus en plus évoqué, même si Kiev assure vouloir renforcer ses positions dans la région. Il s'agit de la bataille la plus douloureuse depuis le début du conflit, selon les mots de Volodymyr Zelensky.

Toutefois, selon l'envoyé spécial en Ukraine pour Radio France Thibault Lefèvre, "la bataille n'est pas encore terminée. Les Russes maintiennent une pression permanente, ils ne comptent ni les hommes ni les munitions, ils envoient leurs meilleurs soldats. Le patron du groupe paramilitaire Wagner, à la baguette dans la région, a demandé la semaine dernière à Kiev de rendre les armes."

Mais les Ukrainiens tiennent, "même si leur résistance ne tient qu'à une route de trois mètres de large, très empruntée, pilonnée en permanence par l'artillerie russe. C'est par cette voie que quelques civils sont encore évacués, que les ambulances passent, comme les véhicules de ravitaillement, en nourriture, en eau et en munitions", décrit le reporter.

>> L'interview de Thibault Lefèvre dans Forum :

Les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé lundi avoir déjoué une tentative d'assassinat visant un Konstantin Malofeïev, président du conseil d'administration du groupe Tsargrad. L'attaque aurait été préparée selon eux par un groupe nationaliste piloté par les services secrets ukrainiens.

Le FSB a affirmé que ce projet d'assassinat présumé avait été préparé par Denis Kapoustine, présenté comme le fondateur d'un groupe de "saboteurs" qui a revendiqué sur les réseaux sociaux une incursion la semaine dernière dans une région russe frontalière de l'Ukraine.

Selon le FSB, Denis Kapoustine, un militant d'extrême droite russe né en 1984, "réside sur le territoire ukrainien et agit sous contrôle du SBU", les services spéciaux ukrainiens.

Le parquet général de la Fédération de Russie a déclare "indésirable" l'organisation anti-corruption Transparency International, basée en Allemagne. "Il a été établi que cette organisation va clairement au-delà de ses objectifs affichés", a-t-il déclaré.

Des dizaines d'ONG étrangères ont été jugées "indésirables" depuis que la Russie a introduit cette qualification en 2015, ce qui a souvent préfiguré l'interdiction pure et simple de leurs activités par le ministère russe de la Justice.

L'armée ukrainienne dit son intention de "renforcer" ses positions à Bakhmout, épicentre des combats dans l'Est du pays. Cette annonce intervient au moment où le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, s'est une nouvelle fois plaint d'un manque de munitions pour ses hommes, en première ligne dans cette bataille qui dure depuis l'été dernier.

Alors que les rumeurs d'un retrait tournent depuis une semaine, les commandants en chef de forces armées ukrainiennes "se sont prononcés en faveur de la poursuite de l'opération défensive et d'un renforcement de [nos] positions à Bakhmout" lors d'une réunion avec Volodymyr Zelensky, a indiqué la présidence ukrainienne.

"Consensus" au sein de l'armée

"Il y a un consensus parmi les militaires sur la nécessité de continuer à défendre la ville [de Bakhmout] et à épuiser les forces ennemies, tout en construisant de nouvelles lignes de défense en parallèle au cas où la situation changerait", a indiqué à l'AFP un conseiller de la présidence ukrainienne, réfutant tout retrait ukrainien de la région.

L'Ukraine a désigné le nouveau patron de l'agence nationale de lutte contre la corruption (NABU). Il s'agit de Semen Kryvonos, qui était jusqu'ici chef de l'Inspection d'Etat de l'architecture et de l'urbanisme.

"Notre équipe s'est engagée à respecter le principe de tolérance zéro à l'égard de la corruption et à soutenir les institutions chargées de la lutte contre la corruption", a déclaré le Premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, lors d'un conseil des ministres extraordinaire.

Le nouveau patron de la lutte anti-corruption prendra ses fonctions pour un mandat de sept ans la tête de la NABU.

Kiev boucle ainsi un processus long de plusieurs mois que les pays occidentaux surveillaient de près, sur fond de renforcement des aides fournies à Kiev pour combattre l'invasion par la Russie.

L'Ukraine affirme avoir abattu 13 drones explosifs de fabrication iranienne sur 15 lancés par la Russie dans la nuit de dimanche à lundi. "Les envahisseurs russes ont attaqué l'Ukraine avec des Shahed-131/136 depuis le nord (la région russe de Briansk)", a indiqué l'armée de l'air ukrainienne.

Les autorités ukrainiennes n'ont pas fait état de dégâts humains ou matériels causés par les deux drones qui n'ont pas été abattus.

La fréquence des attaques de drones russes s'est ralentie ces dernières semaines alors que l'Ukraine a renforcé ses capacités de défense aérienne grâce aux systèmes livrés par les Occidentaux.

Le ministre russe de la Défense s'est rendu dans la zone de l'"opération militaire spéciale" en Ukraine pour inspecter les travaux de reconstruction à Marioupol, ville portuaire dévastée après un siège destructeur, dans le Donbass, a indiqué l'armée russe.

Sergueï Choïgou a déjà mené récemment une inspection dans un "poste de commandement" sur le front dans l'est de l'Ukraine, au moment où fait rage la bataille pour la ville très disputée de Bakhmout.

A Marioupol, le ministre a notamment visité un centre médical, un autre de secours et un nouveau quartier résidentiel comprenant 12 immeubles, poursuit le communiqué de l'armée, en ajoutant qu'il s'est également vu présenter un rapport sur la construction d'un important aqueduc.

L'armée russe est en charge des principales reconstructions dans les territoires ukrainiens annexés.

Le port stratégique de Marioupol avait été conquis en mai dernier par les forces russes, après plus de deux mois de siège qui ont dévasté une grande partie de la ville: de nombreux immeubles d'habitation, écoles et commerces ont été détruits.

Les dirigeants occidentaux ont promis un soutien financier et militaire sans faille à l'Ukraine, face à l'agression russe. Mais dans les faits, on est encore loin du compte. Les promesses tardent à se concrétiser, même si les annonces de livraisons d'armes s'accumulent: on parle d'un chiffre global de 144 milliards de francs.

En Allemagne, l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale examine de près le passage de la parole aux actes. Il a compilé des données de 40 pays. Et même si celles-ci restent lacunaires, la vision d'ensemble confirme que les Etats-Unis sont le plus gros pourvoyeur de l'aide à l'Ukraine, avec 73 milliards de francs. C'est près de la moitié des promesses d'assistance militaire, financière et humanitaire globales.

Cette aide bilatérale dépasse largement celles de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, du Canada, de la France et de l'ensemble des institutions européennes.

Mais si on la rapporte à un pourcentage du produit intérieur brut (PIB), on constate que ce sont les Etats baltes et la Pologne qui fournissent le plus d'efforts.

>> Les explications de Tout un monde :

AP/Keystone - Pavel Golovkin

Un quart des sols sont minés aujourd'hui en Ukraine et l'extraction de ces explosifs est un énorme défi technique.

Spécialisée dans les opérations de déminage, la fondation Digger à Tavannes (BE) veut venir en aide à Kiev en lui livrant l'un de ses engins télécommandés. Cette organisation sans but lucratif espère aussi pouvoir en produire sur place, sous licence.

L'engin proposé était destiné à la France pour dépolluer les sols, mais Paris a accepté de le libérer pour l'Ukraine. Cette machine de la quatrième génération du type Digger-250 est pour le moment stationnée dans les ateliers de la fondation.

>> Le reportage de La Matinale :

Invitée de La Matinale de la RTS, la nouvelle directrice de la Haute école d'art et de design de Genève (HEAD) Lada Umstätter a dit la douleur, pour elle, d'être russe aujourd'hui. "Pour moi, la Russie a perdu cette guerre dès la première semaine de son entrée en Ukraine, parce que le pays est retourné 60-70 ans en arrière", a-t-elle souligné.

Et le sentiment de honte qu'elle avait exprimé il y a une année à la RTS reste très vif aujourd'hui. "Je réalise l'impact que le fait d'être russe, parler russe, aura pour les prochaines générations, pour la culture russe, pour la langue".

"Je risque jusqu'à quinze ans de prison"

Citoyenne russe et suisse, Lada Umstätter n'est plus retournée à Moscou depuis l'invasion russe. "Rentrer aujourd'hui", dit-elle, ce serait "soutenir, au moins moralement, tout ce qui se passe." Et ce serait aussi prendre de gros risques: "Pour moi qui n'ai jamais caché mon attitude envers cette guerre, avec les nouvelles lois, je risque jusqu'à 15 ans de prison juste pour avoir prononcé le mot 'guerre' au début du conflit."

Et c'est pour la même raison les gens ne se révoltent pas en Russie. "Quelqu'un qui vient de l'Union soviétique sait qu'aucun dirigeant russe n'a jamais condamné officiellement et clairement le régime stalinien. Et c'est maintenant le grand retour de la répression (…) On ne peut pas demander aux gens d'être héroïques."

>> L'interview de Lada Umstätter dans La Matinale :

T Magazine - Matthieu Croizier

L'Ukrainienne Marta Kostyuk, 52e joueuse mondiale, a remporté dimanche à Austin, au Texas, son premier titre sur le circuit WTA, qu'elle a aussitôt dédié à son pays et aux victimes du conflit qui y sévit depuis plus d'un an.

Kostyuk, 20 ans, a battu la Russe Varvara Gracheva (88e) en deux sets, 6-3 7-5 en finale de ce tournoi WTA 250 sur dur.

Après avoir inscrit le point de la victoire, la jeune femme s'est écroulée sur le court, en sanglots, avant de prendre la parole lors de la cérémonie de remise des prix. "Je veux dédier ce titre à l'Ukraine et à toutes les personnes qui se battent et qui meurent actuellement", a-t-elle déclaré.

"Il est évident que c'est un moment très spécial pour moi", a-t-elle ajouté.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rendu hommage dimanche à la "bravoure" des soldats qui combattent l'armée russe avec acharnement dans l'est du pays, au moment où ils pourraient être contraints d'abandonner la ville de Bakhmout, devenue l'épicentre d'une guerre totale, et menacée d'encerclement.

"Je voudrais rendre un hommage spécial à la bravoure, à la force et à la résilience des soldats qui combattent dans le Donbass", cette région de l'est du pays, a dit Volodymyr Zelensky dans son message quotidien.

Il a souligné combien cette bataille, qui inflige depuis des mois de très lourdes pertes des deux côtés, dans des duels d'artillerie et des tranchées boueuses, était "douloureuse et difficile".

Alors que Washington accuse Pékin de livrer des armes à la Russie pour appuyer son offensive en Ukraine, le ministre chinois des Affaires étrangères est actuellement en visite à Moscou, où il pourrait s’entretenir avec Vladimir Poutine.

Si Pékin a démenti les accusations américaines, le Kremlin, n’a pas fait de commentaires. On ne sait donc pas dans quelle mesure la Chine fournit ou non des armes à la Russie.

Officiellement, Pékin ne veut toutefois pas voir l’opération en Ukraine se prolonger ni s’étendre. La Chine se dit par ailleurs prête à travailler avec la communauté internationale pour parvenir à la paix.

>> Les explications de Forum :