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Entre 1,28 et 3,5 millions de manifestants contre la réforme des retraites en France

Forte mobilisation en France pour cette 6ème journée de manifestations contre la réforme des retraites
Forte mobilisation en France pour cette 6ème journée de manifestations contre la réforme des retraites / 19h30 / 2 min. / le 7 mars 2023
Quelque 3,5 millions de personnes ont manifesté mardi en France pour la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a annoncé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. Le ministère de l'Intérieur a lui dénombré 1,28 million de personnes.

Selon le syndicat CGT, c'est un million de manifestants en plus que lors de la journée du 31 janvier, précédent record depuis le début du mouvement et un chiffrage qui égale la mobilisation du 12 octobre 2010 contre la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy.

La comptabilisation du ministère de l'Intérieur est, elle, très légèrement supérieure à celle du 31 janvier, plus haut de la mobilisation contre cette réforme avec 1,27 million de manifestants.

Entre 1,28 et 3,5 millions de personnes ont manifesté contre la réforme des retraites en France. [AP Photo - Aurélien Morissard]
Entre 1,28 et 3,5 millions de personnes ont manifesté contre la réforme des retraites en France. [AP Photo - Aurélien Morissard]

Deux nouvelles journées prévues

A Paris, ils étaient 81'000 à battre le pavé parisien mardi contre 87'000 le 31 janvier, selon la préfecture de police. La CGT fait quant à elle état de 700'000 manifestants dans la capitale, où les estimations du syndicat n'avaient jamais dépassé 500'000.

En début de soirée, l'intersyndicale a demandé à être "reçue en urgence" par Emmanuel Macron "pour qu'il retire sa réforme". Elle a annoncé deux nouvelles journées de mobilisation samedi et la semaine prochaine.

Grève en masse des fonctionnaires

Un fonctionnaire national sur quatre a notamment débrayé, contre moins de 5% lors de la grève du 16 février et 28% le 19 janvier. Il s'agit de la sixième journée de mobilisation contre cette réforme des retraites et son report de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, à laquelle les Français sont majoritairement hostiles, la jugeant "injuste", notamment pour les femmes et pour les salariés aux métiers pénibles.

Le projet de réforme est rejeté dans les enquêtes d'opinion. "Il ne faut pas se résigner, c'est possible de faire reculer le gouvernement sur les 64 ans", a lancé sur la chaîne LCI mardi Laurent Berger, patron du syndicat réformiste CFDT. Au départ du cortège parisien, celui-ci a décrit la mobilisation comme "historique".

Une France à l'arrêt, "c'est évidemment mauvais pour nos concitoyens", et "les premiers pénalisés, quand on a des grèves, ce sont les Français les plus modestes", avait critiqué lundi soir la Première ministre Elisabeth Borne, défendant sur la chaîne de télévision France 5 une réforme qui assurera la pérennité d'"un des piliers de notre modèle social".

80% des trains annulés

A la compagnie nationale ferroviaire SNCF, 80% des trains ont été annulés, avec des liaisons internationales dégradées voire interrompues entre la France et les pays voisin (voir aussi l'encadré sur la situation depuis et vers la Suisse).

Le trafic a également été très perturbé dans le métro parisien où la circulation n'est normale que sur les seules lignes 1 et 14 (automatisées).

La SNCF et la RATP (qui gère le métro) ont déjà annoncé qu'outre mardi, le trafic serait très perturbé également mercredi, tous les syndicats ayant appelé à des grèves reconductibles.

Dans les airs, la Direction générale de l'aviation civile a demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols le mardi et le mercredi, de 20% à Paris-Charles-de-Gaulle et de 30% à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse.

>> Voir le reportage du 12h45 :

La France est dans la rue pour cette nouvelle journée de grève contre la réforme des retraites
La France est dans la rue pour cette nouvelle journée de grève contre la réforme des retraites / 12h45 / 1 min. / le 7 mars 2023

Grève dans l'enseignement

Le taux moyen d'enseignants grévistes est de 32,71%, dont 35,35% dans le primaire et 30,09% dans le secondaire (collèges et lycées) selon le ministère. Les syndicats Snuipp-FSU et Snes-FSU ont de leur côté annoncé des taux de grévistes d'au moins 60% dans le premier et le second degré.

Des blocages sporadiques par des lycéens sont également attendus. Idem dans les facultés.

>> Ecouter le reportage de La Matinale avec les syndicalistes de Lille :

Les syndicats tentent de paralyser la France contre la réforme des retraites. [AFP - FRANCOIS LO PRESTI]AFP - FRANCOIS LO PRESTI
Reportage à Lille parmi des syndicalistes s'apprêtant à mettre le pays à l'arrêt / La Matinale / 2 min. / le 7 mars 2023

Raffineries bloquées

Des manifestants se rassemblent à Lille, dans le nord de la France, pour protester contre la réforme des retraites. [AP Photo - Michel Spingler]
Des manifestants se rassemblent à Lille, dans le nord de la France, pour protester contre la réforme des retraites. [AP Photo - Michel Spingler]

Les expéditions de carburants étaient bloquées mardi matin à la sortie de "toutes les raffineries" de France (TotalEnergies, Esso-ExxonMobil et Petroineos), a affirmé le syndicat CGT-Chimie. Il y a sept raffineries dans l'Hexagone.

Si ces blocages se poursuivaient, ils pourraient mener à l'arrêt des raffineries, qui n'auraient plus de place pour stocker le carburant produit sur place, et à des pénuries dans les stations comme en octobre dernier, même si les professionnels du pétrole estimait mardi ce scénario encore peu probable.

Dans le gaz, trois des quatre terminaux méthaniers que compte la France ont été mis à l'arrêt pour "sept jours" lundi par les syndicats, et les sites français de stockage de gaz devraient être affectés aussi mardi.

Moins de la moitié des salariés d'EDF (41,5%) avaient cessé le travail mardi à la mi-journée pour la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, selon la direction.

>> L'interview de Ludovic Loison, secrétaire syndical de la CFDT à Lille, dans La Matinale :

Les syndicats tentent de paralyser la France contre la réforme des retraites. [HANS LUCAS VIA AFP - ERIC BRONCARD]HANS LUCAS VIA AFP - ERIC BRONCARD
La France à nouveau en grève: interview de Ludovic Loison (CFDT) / La Matinale / 1 min. / le 7 mars 2023

agences/vajo et asch

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La France est-elle le pays où l’on part le plus tôt à la retraite en Europe?

L'âge légal de départ à la retraite y étant fixé à 62 ans, la France fait partie des pays d'Europe où l'on arrête le plus tôt de travailler. Il s'agit d'ailleurs de l'un des arguments principaux des défenseurs de la réforme. Selon eux, faire passer cet âge à 64 ans permettrait en effet à la France de rattraper son retard par rapport à ses voisins.

Le choix de reporter cet âge, "c’est aussi celui qu’ont réalisé tous nos voisins européens face au vieillissement de la population", justifiait ainsi Elisabeth Borne lors de la présentation de la réforme mi-janvier. Interrogé sur ce dossier fin janvier, le président Emmanuel Macron a qualifié cette réforme d'"indispensable quand on se compare en Europe et pour sauver notre système par répartition".

>> Relire : Le gouvernement français annonce la hausse de l'âge de la retraite à 64 ans

Or, si ces différences sont régulièrement mises sur la table lors des débats autour de cette réforme, cet indicateur ne représenterait toutefois pas tout à fait la réalité. Au sein de l'Union européenne, le fonctionnement des différents régimes de retraite varie en effet largement.

Selon les pays, il existe souvent des possibilités de départ anticipé sous certaines conditions de durée d'assurance ou de carrière, d'âge de début d'affiliation, de nature des emplois exercés ou encore du nombre d'enfants.

En Allemagne, il est par exemple possible d'arrêter de travailler avec un taux plein dès 63 ans et 8 mois à condition d'avoir cotisé 45 ans. Les assurés allemands peuvent aussi prendre leur retraite à 63 ans s'ils justifient 35 années de cotisation, à condition d'accepter une décote de 0,3% par mois d'anticipation sur leur pension. Même chose en Belgique où la retraite peut être prise à partir de 61 ans si l'on a cotisé 43 années.

Toutes ces exceptions rendent par conséquent les comparaisons d'âges légaux entre pays très aléatoires.

Le trafic entre la Suisse et la France perturbé

La mobilisation contre la réforme des retraites va continuer à perturber fortement le trafic entre la Suisse et l'Hexagone mercredi. Au total, 22 liaisons TGV seront notamment supprimées.

Comme mardi, six liaisons seront biffées entre Genève et Paris, huit entre Lausanne et la Ville lumière et deux entre Bâle et la capitale française, indique la société Lyria sur son site internet. Six liaisons entre Zurich et Paris seront également supprimées, contre huit ce mardi.

Des perturbations sont également attendues sur le réseau du Léman Express. Dès 20h00, plus aucun train ne circulera en Haute-Savoie et des bus de substitution seront mis en place.

Sur le site du transporteur aérien Swiss, les voyageurs sont informés qu'"il pourrait y avoir des perturbations sur les vols du groupe Lufthansa à destination et en provenance de la France" de mardi jusqu'à vendredi.

>> Le point de situation dans le 12h30 :

Le trafic TGV entre la Suisse et la France perturbé dès lundi soir (image d'illustration). [AFP - Estelle Ruiz/Hans Lucas.]AFP - Estelle Ruiz/Hans Lucas.
Les conséquences des grèves en France sur le trafic en Suisse / Le 12h30 / 1 min. / le 7 mars 2023

Jean-Luc Mélenchon demande "un référendum" ou "une dissolution" de l'Assemblée

Jean-Luc Mélenchon a demandé l'organisation d'"un référendum" ou "une dissolution" de l'Assemblée nationale pour éviter le blocage du pays.

"Il y a d'un côté sa volonté à lui (Emmanuel Macron, n.d.l.r.), de l'autre côté celle du peuple. A qui doit revenir le dernier mot? Evidemment au peuple", a déclaré le leader de La France insoumise (LFI) à Marseille, avant le départ de la manifestation.

Sur BFMTV et RMC, le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard a lui aussi demandé au chef de l'Etat de "revenir aux urnes" pour "éviter une situation de blocage généralisé".

Dans une tribune publiée dans Libération, le patron des députés socialiste Boris Vallaud dénonce une réforme qui "pervertit la démocratie". Elle relève d'un "coup de force politique" et "symbolise comme jamais (la) pratique solitaire du pouvoir" d'Emmanuel Macron.

"Ce qui se passe aujourd'hui est crucial" et "le soutien à la mobilisation sociale doit être total", face à "l'entêtement du gouvernement" qui "table sur la résignation des Français", a abondé le député Jérôme Guedj (PS) sur Europe 1. L'écologiste Julien Bayou a dénoncé, au micro de Sud Radio, "la brutalité extrême" de l'exécutif bien décidé à aller jusqu'au bout.