Ce texte prévoyant de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures et camionnettes neuves en Europe à partir de 2035 a fait l'objet en octobre dernier d'un accord entre Etats membres de l'UE et négociateurs du Parlement européen.
Il a été formellement approuvé mi-février par les eurodéputés, mais il devait encore être entériné mardi par les Vingt-Sept, lors d'une réunion de ministres à Bruxelles. C'est la dernière étape formelle avant son entrée en vigueur, sans possibilité désormais de renégocier le contenu.
L'Italie avait annoncé de longue date son opposition au texte. La Pologne voulait aussi se prononcer contre et la Bulgarie souhaitait s'abstenir. A eux trois, ces pays n'ont cependant pas les moyens de bloquer la procédure.
Pas de majorité qualifiée des Vingt-Sept
Mais Berlin a indiqué ces derniers jours son intention de ne pas accorder non plus son feu vert dans l'immédiat. Or sans l'Allemagne, la majorité qualifiée des Vingt-Sept qui est requise (vote favorable d'au moins 55% des États représentant au moins 65% de la population de l'UE) n'était plus atteinte.
"Nous avons toujours dit clairement que la Commission européenne devait présenter une proposition sur la manière dont les carburants synthétiques pourraient être utilisés dans les moteurs à combustion après 2035 (...). Ce qui manque maintenant, c'est la réalisation de cet engagement", a rappelé vendredi le ministre allemand des Transports, Volker Wissing (FDP, libéraux).
A la demande de Rome et Berlin, les Vingt-Sept avaient intégré au texte un possible feu vert à l'avenir pour des technologies alternatives comme les carburants synthétiques (e-carburants) si celles-ci permettent d'atteindre l'objectif de supprimer totalement les émissions de gaz à effet de serre des véhicules.
L'usage des carburants de synthèse contesté
La technologie des carburants de synthèse, actuellement en cours de développement, consiste à produire du fuel à partir de CO2 issu notamment des activités industrielles en utilisant de l'électricité bas-carbone. Pour la filière automobile, elle permettrait de prolonger l'utilisation des moteurs thermiques menacés par l'irruption des véhicules 100% électriques.
L'usage de cette technologie dans l'automobile est contesté car elle est très énergivore.
Berlin souhaite que la Commission propose une législation supplémentaire pour encourager ces carburants de synthèse dans le transport routier tandis qu'un autre texte sur les "infrastructures pour carburants alternatifs" est en cours de négociation.
afp/oang
Paris exhorte Berlin à respecter l'objectif
Le ministre français chargé des Transports a réagi mercredi en exhortant l'Allemagne à soutenir à nouveau l'interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique dans l'UE en 2035.
"Il faut garder cet objectif. Il est très important, y compris pour nos industriels, en France, en Allemagne", a déclaré Clément Beaune sur la chaîne d'informations LCI.
"Il y a des inquiétudes, je crois qu'il y a des discussions internes à la coalition allemande, pour être très clair aussi un peu de positionnement politique", a commenté le ministre.
Clément Beaune a aussi mis en garde: "si on ne garde pas cette ambition nous serons balayés sur le plan industriel et écologique (...) ce n'est pas en donnant des contre-signaux que l'on va réussir à créer cette voiture électrique accessible à tous".