La police a ordonné aux manifestants réunis devant le Parlement de se disperser, puis a fait usage de gaz et de canons à eau, selon un journaliste de l'AFP sur place.
"Non à la loi russe !", scandait la foule rassemblée à l'appel de plusieurs ONG et formations d'opposition, en référence au projet de loi adopté mardi en première lecture par les députés de ce petit pays du Caucase voisin de la Russie.
Ce texte prévoit que les organisations recevant plus de 20% de leur financement de l'étranger soient obligées de s'enregistrer en tant qu'"agents de l'étranger", sous peine d'amendes.
Selon ses détracteurs, ce projet est calqué sur une loi adoptée en Russie en 2012 et que le Kremlin utilise depuis pour réprimer les médias et les voix critiques.
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La Géorgie, une ex-république soviétique marquée par une guerre contre la Russie en 2008, ambitionne de rejoindre l'UE et l'Otan. Plusieurs récentes mesures du gouvernement ont toutefois jeté le doute sur ces aspirations.
Manifestations depuis mardi
L'adoption du projet de loi sur les "agents de l'étranger" en première lecture avait entraîné le rassemblement de milliers d'opposants à Tbilissi dès mardi soir, des protestations dispersées à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau.
Le ministère géorgien de l'Intérieur a affirmé mercredi qu'au moins 77 personnes avaient été interpellées et 50 policiers blessés.
Parallèle avec Maïdan
Le président du parti au pouvoir, Rêve géorgien, Irakli Kobakhidze a dénoncé l'action de "radicaux" et fait un parallèle entre ces protestations et la révolution pro-européenne de Maïdan en Ukraine, en 2014.
"L'Ukraine, au final, a perdu 20% de son territoire" après cette révolution, a-t-il affirmé, en référence aux territoires ukrainiens conquis par Moscou depuis l'annexion de la Crimée et l'invasion russe de l'Ukraine de février 2022.
La présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, a elle demandé que la loi soit "abrogée", promettant d'y apposer son veto.
Ce veto pourra toutefois être surmonté par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, qui contrôle plus de la moitié des sièges au Parlement.
Selon Irakli Kobakhidze, la deuxième et la troisième lecture du texte ne pourraient toutefois avoir lieu qu'en juin, après la revue du projet de loi par la Commission de Venise, un organe consultatif du Conseil de l'Europe.
Inquiétures internationales
Signe de l'inquiétude grandissante en Occident, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a condamné mercredi le projet de loi, le jugeant "incompatible" avec les valeurs de l'UE et l'objectif de rejoindre le bloc européen.
Ces dernières années, les autorités géorgiennes ont dû faire face à des critiques internationales croissantes sur un recul présumé de la démocratie qui a porté atteinte aux liens de Tbilissi avec Bruxelles.
La Géorgie a déposé sa candidature pour l'UE avec l'Ukraine et la Moldavie quelques jours après l'invasion russe du territoire ukrainien le 24 février 2022.
En juin, l'UE avait accordé un statut de candidat à l'Ukraine et à la Moldavie, mais demandé que la Géorgie procède à plusieurs réformes avant d'obtenir un statut similaire.
afp/ther