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Entre manifestations et grèves, la colère s'étend en Grèce après la collision de trains

Des dizaines de milliers de Grecs ont exprimé mercredi leur colère après l'accident de train. Sur cette image, une manifestation à Athènes. [REUTERS - Alkis Konstantinidis]
Les Grecs à nouveau dans les rues pour dénoncer les dysfonctionnements de l'Etat / La Matinale / 1 min. / le 9 mars 2023
Des dizaines de milliers de personnes sont à nouveau descendues dans la rue mercredi en Grèce. Certains réclament la démission du gouvernement après la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts. Des manifestants ont même jeté des cocktails Molotov devant le Parlement.

Des dizaines de milliers de personnes sont à nouveau descendues dans la rue mercredi en Grèce, alors que la colère s'étend. Certains réclament désormais la démission du gouvernement après la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts. Le pays est également quasiment à l'arrêt en raison d'un appel à cesser le travail dans une grande partie des secteurs public et privé.

A Athènes, au moins 40'000 personnes ont défilé en milieu de journée, selon une porte-parole de la police, tandis qu'ils étaient 15'000 à Thessalonique, la deuxième ville du pays.

Dans le cortège athénien fleurissaient des pancartes appelant à la démission le gouvernement du conservateur Kyriakos Mitsotakis, dont la gestion de cet accident est jugée calamiteuse.

Un pays presque totalement immobilisé

De nombreux Grecs expriment leur amertume face à ce qu'ils considèrent comme une déliquescence des services publics depuis les plans d'austérité imposés par les créanciers de la Grèce pour sortir le pays du marasme. A Athènes, plusieurs défilés ont déjà eu lieu depuis l'accident de train.

>> Lire aussi : La Grèce reconnaît les "faiblesses chroniques" de ses trains, le bilan passe à 57 morts

La Grèce est en outre quasiment à l'arrêt. Aucune liaison maritime n'est assurée entre le continent et les îles et les trains sont restés en gare pour le huitième jour d'affilée.

Les employés du service public ont également débrayé pour 24 heures à l'appel de la confédération du secteur, tout comme les enseignants du primaire, les médecins et les conducteurs de bus et de métro, rejoints dans les cortèges par les étudiants.

Forte émotion

De nombreuses victimes étaient des jeunes et des étudiants. Ces derniers jours, les images de parents effondrés enterrant leur enfant, retransmises souvent en direct par des chaînes de télévision, ont contribué à bouleverser un peu plus encore le pays.

Sans qu'aucune alerte ne soit déclenchée, deux trains, l'un de voyageurs, l'autre de marchandises, ont circulé sur plusieurs kilomètres sur la même voie avant de se percuter frontalement le 28 février, à Tempé, près de la ville de Larissa, à 350 km au nord de la capitale.

Chef du gouvernement pointé du doigt

Depuis ce que les autorités ont qualifié de "tragédie nationale", les Grecs demandent des comptes à leurs dirigeants. Le chef du gouvernement, qui doit affronter des élections générales au printemps, est étrillé pour avoir quelques heures après la catastrophe assuré qu'il s'agissait d'"une tragique erreur humaine".

Or les syndicats de cheminots ont rappelé avec colère qu'ils avaient tiré la sonnette d'alarme sur les graves défaillances techniques sur cette ligne bien avant le drame, sans avoir été entendus.

Tout en promettant des indemnisations aux familles des victimes, le ministre des Transports, Giorgos Gerepetridis, a admis que l'accident aurait pu être évité si l'installation du "système global de gestion à distance avait été achevé".

>> Ecouter aussi l'interview de l'historienne Joëlle Dalègre dans Tout Un Monde mardi :

Une manifestation pour les victimes de l'accident mortel de train en Grèce. [Keystone - EPA/Elias Marcou]Keystone - EPA/Elias Marcou
Manifestations en Grèce: interview de Joëlle Dalègre / Tout un monde / 9 min. / le 7 mars 2023

Recherche de responsables

Le chef de gare de Larissa, qui a reconnu sa responsabilité dans l'accident, a été placé en détention provisoire. Selon des médias grecs, des poursuites devraient être engagées dans les prochains jours contre d'autres responsables du réseau ferré.

Contrit, le Premier ministre a demandé dimanche pardon aux familles des victimes, un mea culpa jugé bien tardif pour beaucoup.

La colère est également dirigée contre la société des chemins de fer Hellenic Train, qui a riposté aux accusations en rappelant que la responsabilité de l'entretien du réseau incombait à la compagnie publique grecque OSE.

agence/ami

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Violents affrontements avec la police

Des cocktails Molotov et des pierres ont été lancés mercredi par un groupe de manifestants devant le Parlement, dans le centre d'Athènes. La police a riposté en tirant du gaz lacrymogène.

Un véhicule a été incendié près de la place Syntagma, l'esplanade en contrebas du Parlement, tandis qu'un buisson a pris feu devant le bâtiment. Mais les pompiers l'ont aussitôt éteint.

Des heurts ont également eu lieu à Thessalonique.

La Grèce est le théâtre de heurts entre la police et des manifestants, comme ici à Athènes le 8 mars. [Reuters - Florion Goga]
La Grèce est le théâtre de heurts entre la police et des manifestants, comme ici à Athènes le 8 mars. [Reuters - Florion Goga]