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Emmanuel Macron s'engage à inscrire l'IVG dans la Constitution française

Des pancartes indiquant "Mon corps, mon choix" et "L'avortement dans la Constitution" sont visibles lors d'un rassemblement pour appeler à la constitutionnalisation du droit à l'avortement, devant le Sénat, à Paris, le 01 février 2023. [AFP - Ludovic Marin]
Emmanuel Macron souhaite inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution / La Matinale / 1 min. / le 9 mars 2023
En France, le président Emmanuel Macron a annoncé mercredi, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, sa volonté d'inscrire dans la Constitution la "liberté" de recourir à l'avortement dans le cadre de sa future réforme des institutions.

"Les avancées issues des débats parlementaires (...) permettront, je le souhaite, d'inscrire dans notre texte fondamental cette liberté dans le cadre du projet de loi portant la révision de notre Constitution qui sera préparé dans les prochains mois", a déclaré mercredi Emmanuel Macron, au Palais de justice de Paris.

Ce projet de loi portera sur une vaste réforme des institutions, voulue par le chef de l'Etat français, qui pourrait aller d'un redécoupage des régions à une redéfinition des mandats électoraux, selon l'entourage présidentiel.

Le Parlement examine actuellement une proposition de loi constitutionnelle spécifique sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), présentée par des parlementaires, qui doit donc être approuvée dans des termes identiques par l'Assemblée nationale et le Sénat, puis être soumise à référendum.

Approbation du Sénat

En optant pour un projet de loi gouvernemental, Emmanuel Macron a ouvert la voie à une "constitutionnalisation" de l'avortement par un vote du Parlement réuni en Congrès, à la majorité des 3/5e, au moment où le droit à l'avortement, parfois remis en cause dans le monde, notamment aux Etats-Unis.

>> Relire : Premier pas vers l'inscription de l'IVG dans la Constitution française

Le Sénat à majorité de droite a voté en faveur de l'inscription dans la Constitution de la "liberté de la femme" de recourir à l'IVG, une formulation qui abandonne la notion de "droit" privilégiée par la gauche, et que le chef de l'Etat reprend donc à son compte.

Ce nouveau cheminement n'est pas non plus sans risque en raison des difficultés à faire voter de vastes réformes institutionnelles. "S'il veut faire en sorte que jamais l'IVG ne soit inscrite dans la Constitution, qu'il continue à faire comme ça", a averti la cheffe des députés La France insoumise, Mathilde Panot.

"Rappelons qu'en 2008, la droite contrôlant Sénat et Assemblée nationale n'avait fait passer une révision large" de la Constitution "qu'à une voix près... rien n'est donc fait", relève le spécialiste du droit public Benjamin Morel. La Fondation des Femmes a néanmoins salué "une victoire pour toutes les femmes en France", estimant qu'une constitutionalisation "sécurise ce droit pour les années à venir".

Hommage à Gisèle Halimi

A l'occasion de la mobilisation du 8 mars, Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, a aussi voulu faire entrer dans l'histoire Gisèle Halimi, militante emblématique de nombreux combats de la seconde moitié du XXe siècle, de la décolonisation au droit à l'IVG, au-delà des polémiques.

"Elle a porté la cause de l'indépendance algérienne. Elle fut la procureure de ce que les autorités françaises de l'époque faisaient, de la manière dont elles le faisaient", a-t-il relevé, en présence de son prédécesseur François Hollande et des plus hautes autorités judiciaires du pays, en rappelant le combat de Gisèle Halimi contre la torture en Algérie.

"Si aujourd'hui la guerre d'Algérie a quitté les prétoires, elle doit maintenant prendre toute sa place dans notre mémoire ici en France et aussi en Algérie", a poursuivi le chef de l'Etat, sans toutefois se prononcer sur une éventuelle entrée au Panthéon de la militante. Avant le président, Jean-Yves Halimi a aussi rendu un vibrant hommage à sa mère. "Tu rejoins au Panthéon de notre récit national les deux Simone, de Beauvoir et Veil, tes soeurs de lutte et tes amies personnelles", a dit son fils aîné.

Un autre de ses fils, le journaliste Serge Halimi, a boycotté l'hommage, déplorant qu'il intervienne en pleine mobilisation contre une réforme des retraites "extrêmement injuste", que sa mère aurait selon lui combattue. Même boycott pour Violaine Lucas, présidente de l'association "Choisir la cause des femmes" cofondée par Gisèle Halimi en 1971, qui dénonce une "instrumentalisation politique".

afp/iar

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Plusieurs milliers de personnes mobilisées pour les droits des femmes

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté mercredi partout en France pour la Journée internationale des droits des femmes, placée sous le signe de la lutte contre la réforme des retraites et les inégalités salariales.

A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2023, une banderole sur laquelle on peut lire "Réforme sexiste, grève féministe! A bas Macron, le capitalisme et le patriarcat!" a été déployée à Toulouse. [AFP - Alain Pitton / NurPhoto]
A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2023, une banderole sur laquelle on peut lire "Réforme sexiste, grève féministe! A bas Macron, le capitalisme et le patriarcat!" a été déployée à Toulouse. [AFP - Alain Pitton / NurPhoto]

"Retraites, salaires, les femmes sont en colère", ont chanté les manifestants, en grande majorité des femmes, en tête du cortège parisien. La foule a défilé entre la place de la République et celle de la Nation, au lendemain d'une forte mobilisation contre la réforme des retraites, accusée notamment d'être injuste envers les femmes.

Trois syndicats (FSU, CGT et Solidaires) et 45 organisations féministes appelaient à la "grève féministe" pour exiger "l'égalité au travail et dans la vie". Des manifestations ont eu lieu dans environ 150 villes en France.

La ministre Isabelle Rome a présenté à cette occasion un plan pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Parmi la centaine de mesures prévues figurent le doublement du nombre de Maisons des femmes, structures d'aide aux victimes de violences, mais aussi la création de "pôles spécialisés" dans les violences conjugales au sein des tribunaux.