"C'est un moment de retrouvailles, de reconnexion et de nouveau départ (....) C'est un sommet d'une nouvelle ambition", a lancé le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse commune à l'issue du premier sommet entre les deux pays depuis 2018. "A new beginning, an entente renewed" (Un nouveau départ, une entente renouvelée), a renchéri le Premier ministre britannique en référence à "l'entente cordiale" qui désigne généralement la relation entre les deux pays depuis un siècle.
Les deux dirigeants ont ainsi tourné la page d'une relation souvent houleuse entre l'ex-Premier ministre Boris Johnson et Paris, doublée d'incompréhensions récurrentes entre les deux côtés de la Manche.
L'ambiance avait été encore un peu plus plombée par l'éphémère successeure de Boris Johnson, Liz Truss, qui avait, un temps, refusé de dire si le président français était "ami ou ennemi" du Royaume-Uni. "Un grand ami, assurément", a tranché Rishi Sunak, dans un entretien au quotidien Le Figaro, avant son arrivée à Paris.
D'importants moyens prévus
A l'appui de cette relance, les deux pays ont noué un nouvel accord pour mettre un frein à l'immigration illégale depuis la France, avec une augmentation sensible des financements du côté britannique en appui des efforts français.
"Au cours des trois prochaines années, la contribution du Royaume-Uni sera de 141 millions d'euros en 2023-2024, 191 millions d'euros en 2024-2025 et 209 millions d'euros en 2025-2026", selon un communiqué diffusé à l'issue du sommet.
Le Premier ministre britannique a aussi annoncé l'ouverture d'un "nouveau centre de détention" dans le nord de la France, "un nouveau centre de commandement" réunissant des spécialistes des deux pays ainsi que "500 agents supplémentaires patrouillant sur les plages françaises". Davantage de drones et d'autres technologies de surveillance compléteront le dispositif "pour augmenter le taux d'interception", a-t-il également indiqué.
La coopération renforcée sur les migrations est intervenue quelques jours après la présentation mardi par le gouvernement britannique d'un projet de loi controversé pour restreindre drastiquement le droit d'asile, vivement dénoncé par l'ONU. Avant le sommet, Paris a minimisé son impact, tandis que Londres a remisé ses critiques passées contre une certaine inaction française à la frontière maritime. "La France ne peut plus rester complice des politiques indignes du Royaume-Uni" sur le dossier migratoire, a jugé pour sa part l'ONG France terre d'asile.
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Un partenariat "essentiel"
Le président français a souligné de son côté que les deux pays voulaient "avancer de concert" dans la lutte contre l'immigration irrégulière tout en ayant "conscience des enjeux humains" et de "l'extrême sensibilité de ces sujets".
Il a rappelé qu'en 2022, "plus de 1300 traversées d'embarcations de fortune" avaient été "empêchées", 55 filières de criminalité organisée démantelées, "grâce au travail de la cellule de renseignement conjointe franco-britannique". A l'inverse, près de 46'000 ont pu faire la traversée de la Manche l'an passé. Les deux pays avaient signé mi-novembre un nouvel accord pour lutter ensemble contre les traversées de migrants.
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"Nous avons aujourd'hui décidé de continuer en ce sens de manière très opérationnelle, concrète et conscient du caractère partagé de notre responsabilité", a déclaré Emmanuel Macron. "Notre histoire ancienne, notre proximité et notre vision partagée des défis mondiaux signifient qu'un partenariat étroit entre le Royaume-Uni et la France n'est pas seulement important, il est essentiel", avait déclaré plus tôt Rishi Sunak dans un communiqué.
Du Brexit à la pandémie en passant par une vive brouille au sujet des alliances dans la région Asie-Pacifique, de multiples crises avaient interrompu depuis cinq ans la tradition des sommets annuels. La plupart d'entre elles sont surmontées, d'autant que Rishi Sunak vient de conclure un accord avec l'Union européenne sur l'Irlande du Nord après des mois de bras de fer.
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afp/ther/iar
Soutien affiché à l'Ukraine
La France et le Royaume-Uni ont aussi affiché leur volonté de continuer à aider militairement l'Ukraine, dont ils ont souhaité la victoire face à la Russie, et annoncé que la formation de militaires ukrainiens allait être coordonnée des deux côtés de la Manche.
"Notre volonté est d'aider l'Ukraine à résister et à mener les contre-offensives qu'elle souhaite mener. La priorité du moment est militaire", a dit Emmanuel Macron.
"Nous voulons que l'Ukraine remporte cette guerre et nous sommes tout à fait unis", a confirmé Rishi Sunak