Selon le décompte du cabinet Occurence effectué pour un collectif de médias, dont l'AFP, 33'000 personnes ont manifesté à Paris. La CGT dénombrait elle 300'000 manifestants dans la capitale, et "plus d'un million" en France.
Des chiffres nettement en baisse par rapport à mardi dernier, quand 1,28 million de personnes étaient descendues dans la rue en France, selon le ministère de l'Intérieur. Samedi 11 février, première manifestation un week-end, 963'000 manifestants avaient été dénombrés officiellement dans tout le pays.
Volonté du peuple d'être consulté
Les responsables syndicaux ont appelé samedi le président de la République à "consulter le peuple" sur la réforme des retraites, lors d'une septième journée de mobilisation. La semaine s'annonce semaine décisive pour le projet devant le parlement.
"La détermination est là, on est passé même à un stade de grosse colère, avec ce qu'a fait le président de la République" vendredi, en rejetant la demande des syndicats de le rencontrer, a dit le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, parlant d'un "bras d'honneur" d'Emmanuel Macron.
"Puisqu'il est si sûr de lui, le président de la République, il n'a qu'à consulter le peuple. On verra la réponse du peuple", a-t-il dit, avant le départ du défilé de protestation à Paris.
Mathilde Panot crie au bluff
"J'implore ceux qui dirigent ce pays de sortir de cette forme de déni du mouvement social", a insisté son homologue de la CFDT, Laurent Berger, évoquant une forme de "sidération" face à la fin de non-recevoir du président de la République.
"Le gouvernement laisse croire qu'il est inflexible mais ne l'est absolument pas", a pour sa part affirmé la patronne des députés LFI, Mathilde Panot, tandis que son chef de file Jean-Luc Mélenchon a estimé depuis Marseille que le chef de l'Etat mise "sur le pourrissement", jugeant cette "idée extrêmement nocive dans une démocratie" et espérant "trouver une porte de sortie (...) par la force".
Volonté partagée par des manifestants qu'on pouvait entendre scander dans la capitale: "Ils nous disent 'bosse et crève', nous on dit 'vive la grève'". Dans le même temps, les forces de l'ordre sont intervenues face à des "perturbateurs" qui ont "jeté des mortiers sur la foule", a indiqué la préfecture de police. Un magasin de motos a également été pris pour cible.
Rendez-vous mercredi
Laurent Berger a reconnu une moindre mobilisation lors de cette journée d'action organisée quatre jours après la précédente, mais la détermination est "forte", a-t-il assuré, avant une nouvelle journée de manifestations, la 8e, prévue mercredi.
En outre, "FO va proposer qu'on ait trois journées, les 15-16-17, de grèves et de manifs", a indiqué son secrétaire général Frédéric Souillot.
"On garde espoir", assure Philippe Anselme, 65 ans, retraité venu avec son épouse manifester à Bordeaux, (3400 manifestants selon la préfecture, 18'000 selon l'intersyndicale) "car même si la droite s'est alliée avec la Macronie au Sénat, il y a toujours eu des reculades gouvernementales par le passé". "On sera peut-être dans le dernier carré de résistants, mais on sera là", promet-il.
Possible adoption sans vote (49.3)
Mais il semble incertain que le gouvernement parvienne à trouver une majorité de députés pour approuver le texte. Il pourrait recourir une nouvelle fois à l'article 49.3 (adoption sans vote), ce qui le placerait dans une situation politique périlleuse.
Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié samedi, 63% des Français approuvent la mobilisation contre la réforme, 54% soutenant le recours à la grève et au blocage de certains secteurs. Mais 78% (+14 points depuis le 3 mars) pensent pourtant que la réforme sera votée et appliquée.
ats/Julie Marty
Pression financière pour beaucoup de manifestants
Faire la grève, empêche les manifestants de percevoir leur salaire donc la pression devient financière.
"On se fait moins plaisir. On va moins au restaurant par exemple. (...) J'ai perdu une moyenne de 70 euros par jour de grève", témoigne l'une d'entre elles au 19h30.
Un autre gréviste commente: "Certains n'ont plus d'argent à la fin du mois. C'est donc plus pratique de manifester le samedi pour les gens qui ne travaillent pas le week-end."
Le soutien financier s'organise
Pour les aider, la CFDT puise dans ses caisses. Le plus grand syndicat de France indemnise ses adhérents à hauteur de 7,70 euros par heure non travaillée. "Ça montre la vraie détermination des gens", salue Alexandra Rettien, responsable du service des finances de la CFDT.
D'autres syndicats compte sur des initiatives ponctuelles dans les entreprises, font des appels aux dons ou de la levée de fonds sur les réseaux sociaux.
Freddy alias Diffty, membre du collectif Piquet de Stream, a lancé un piquet de grève sur la plateforme de joueurs en ligne Twitch.
"Toutes les heures, on a des dons. Ils sont plus ou moins conséquents en fonction des donateurs et peuvent aller d'un euro à des centaines d'euros", se réjouit-il.