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Le débat enfle à Paris face à la grève des éboueurs qui se prolonge

Les "montagnes de déchets" ne sont pas une image à Paris. [Hans Lucas/AFP - Carine Schmitt]
Grève des éboueurs en France / La Matinale / 1 min. / le 14 mars 2023
Alors que le débat politique sur la réforme des retraites est entré dans sa phase décisive en France, les éboueurs restent mobilisés pour défendre leurs droits. A Paris, la colère gronde face à des ordures qui s'entassent.

L'Assemblée nationale pourrait voter jeudi sur la réforme des retraites et le gouvernement maintient la pression, tout en cherchant à obtenir le soutien de la droite. Si le mouvement de grève faiblit de manière générale à travers le pays, les syndicats, eux, ne reculent pas et se mobiliseront à nouveau mercredi.

>> Lire : La mobilisation contre la réforme des retraites faiblit en France

Certains blocages persistent, notamment du côté des éboueurs, et les monticules d'ordures s'entassent dans plusieurs villes. Mais les grévistes restent déterminés à poursuivre leur action au moins jusqu'à mercredi. "On est dehors tous les jours, on travaille qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente", décrit un éboueur de 44 ans. "Quand on est derrière la benne, on respire des choses volatiles, on a beaucoup de maladies professionnelles, de cancers. Le travail est pénible."

La CGT rappelle que les éboueurs et les conducteurs peuvent pour l'heure prétendre à la retraite à 57 ans sans bonification, un âge repoussé à 59 ans en cas d'adoption de la réforme. A la retraite, "je sais que je vivrai pauvre", avec une pension de 1200 euros grand maximum, se désole une éboueuse de 56 ans.

Quelque 5600 tonnes de déchets à Paris

A Paris, alors que la grève des éboueurs dure depuis une semaine, 5600 tonnes de déchets restent non ramassés, selon la mairie. Commerçants et habitants s'inquiètent d'une prolifération des nuisibles, alors que le mouvement suscite l’exaspération de ceux qui ne le soutiennent pas.

Dans le XVIe arrondissement notamment, quartier bourgeois où il faut se frayer un chemin entre les murs d’ordures, la grève des éboueurs indigne.

"Inadmissible, Monsieur, inadmissible", s'exclame un passant mardi dans La Matinale de la RTS. "Non, je ne comprends pas. C'est une question de sécurité, de salubrité publique", lance un autre, visiblement hors de lui. "C'est impensable, les rats vont monter et ça va devenir infernal", renchérit un troisième.

"Paris ne devrait pas avoir les Jeux"

"Diffusez bien, sur toutes les ondes, que Paris ne devrait pas avoir les Jeux olympiques tellement c'est sale", lance à son tour une dame. "C'est sale déjà à longueur d'année, n'est-ce pas que c'est une honte?"

Des scènes de rue immortalisées par les passants. [AFP - Stefano Rellandini]
Des scènes de rue immortalisées par les passants. [AFP - Stefano Rellandini]

Le XVIe arrondissement de Paris vote traditionnellement à droite et le mouvement social actuel y rencontre donc peu de compréhension. "C'est pour la plupart des fonctionnaires pour qui les retraites sont basées sur les six derniers mois de leur activité, alors que les privés c'est sur 25 ans", tient à relever une autre passante. "Et les privés travaillent plus que les fonctionnaires, je regrette de le dire", ajoute-t-elle.

Un peu plus loin, un homme prend une photo de la montagne de poubelles pour l’envoyer à son frère. "Cela me rappelle mon pays natal le Liban, Beyrouth", explique-t-il en riant.

La maire PS de Paris se retrouve dans une situation inconfortable, elle qui a décrété la mairie "solidaire avec le mouvement social".

L'opposante LR Rachida Dati réclame de son côté "la mise en place d'un service minimum pour le ramassage des ordures" et, dans l'immédiat, "de faire appel à des entreprises d'insertion".

Reportage radio: Alexandre Habay

Adaptation web: oang/boi avec afp

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Perturbations en cours et à venir

En attendant la nouvelle journée de protestation mercredi, la circulation des trains était "en nette amélioration" lundi en France, mais restait perturbée sur la plupart des lignes selon la SNCF. Un certain nombre de TGV étaient toujours supprimés et le trafic restait "fortement perturbé" au niveau régional.

Cette situation va perdurer ces prochains jours: cinq liaisons seront supprimées mardi entre Genève et Paris et trois entre Paris et Lausanne. Huit trains seront biffés au départ ou à destination de Zurich. La plupart de ces liaisons seront aussi supprimées mercredi.

La grève se poursuit également dans plusieurs raffineries, notamment celle d'Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer et de PétroIneos de Lavera (Bouches-du-Rhône).

>> Lire : Le trafic ferroviaire encore fortement perturbé lundi en France, un train sur deux supprimé vers la Suisse

L'autorité française de l'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes d'annuler 20% de leurs vols mercredi à l'aéroport de Paris-Orly, en raison d'une grève de contrôleurs aériens.

La CGT a quant à elle appelé à trois jours d'arrêt de travail dès mardi dans les ports de France, avec une journée "ports morts" en conclusion jeudi.