Modifié

Amnesty dénonce l'utilisation "abusive" de munitions non létales

Les adjoints du shérif du comté de Los Angeles chargent des munitions non létales alors que les manifestants manifestent après la mort de Dijon Kizzee à Westmont. [Kyle Grillot]
Amnesty dénonce l'utilisation "abusive" de munitions non létales / Le Journal horaire / 24 sec. / le 14 mars 2023
L'utilisation de balles de caoutchouc et d'armes à "létalité réduite" par les forces de l'ordre contre des manifestants est "de plus en plus généralisée", a dénoncé mardi Amnesty International.

"Dans le monde entier, les forces de sécurité utilisent régulièrement de façon abusive les balles en caoutchouc et d'autres armes de maintien de l'ordre pour réprimer violemment des manifestations pacifiques et provoquent ainsi de terribles blessures et des décès", a détaillé Amnesty.

"La disponibilité, la variété et l'utilisation des projectiles à impact cinétique ont connu une forte hausse au niveau mondial et contribué à la militarisation du maintien de l'ordre au cours des manifestations", selon l'organisation de défense des droits humains.

Publié conjointement avec la Fondation de recherche Omega, le rapport, intitulé "Mon oeil a explosé: l'utilisation abusive des projectiles à impact cinétique dans le monde", relève que les balles métalliques et les plombs de chevrotine enduits de caoutchouc, ainsi que les grenades lacrymogènes sont "souvent" employés "de manière imprudente ou à titre punitif, faisant preuve d'un usage injustifié ou disproportionné de la force".

Traité demandé

Amnesty international et 30 autres organisations demandent la mise en place d'un "traité contre le commerce des instruments de torture soutenu par les Nations unies" dans le but d'interdire la fabrication, ainsi que le commerce de ces munitions.

Résultat de cinq années de recherche dans plus de 30 pays, ce rapport révèle aussi que les lois nationales d'utilisation de ces projectiles ne sont pas toujours conformes aux normes internationales, selon lesquelles "ces armes ne doivent être utilisées qu'en dernier recours contre des individus violents représentant une menace imminente de préjudice grave contre des personnes".

Des chiffres sous-évalués

Selon Amnesty international, des grenades lacrymogènes sont utilisés directement sur des personnes ou des foules, au Chili, en Colombie, en France, en Iran, en Tunisie et dans au moins huit autres pays. "En France, au moins 2495 manifestants auraient été blessés lors des manifestations des Gilets Jaunes entre novembre 2018 et mai 2019", selon le rapport.

"L'utilisation de projectiles en caoutchouc de la taille d'une balle de tennis a causé au moins un décès des suites d'un traumatisme crânien et 24 blessures graves" en Espagne, selon le groupe qui mène la campagne nationale Stop Balas de Goma cité dans le rapport.

Au Chili, 440 lésions oculaires, dont plus de 30 cas de pertes de vision ont été recensés depuis le début des manifestations contre les mesures d'augmentation des prix des services publics en octobre 2019. Selon Amnesty international, "les chiffres réels sont probablement bien plus élevés".

afp/br

Publié Modifié