La Hongrie parie sur le chauffage géothermique pour diminuer sa dépendance au gaz russe
La géothermie consiste à convertir en énergie la chaleur produite par le sous-sol de la terre. Dans la ville de Szeged, à deux heures de route au sud de Budapest, des ouvriers creusent ainsi des puits pour avoir accès à des eaux brûlantes situées à 2000 mètres de profondeur.
Des tuyaux de 11 mètres de long sont emboîtés les uns aux autres pour atteindre cette profondeur, a expliqué dans l'émission "Tout un monde" Tamas Medgyes, un des responsables de ce chantier mené par la compagnie municipale de chauffage.
A 2000 mètres sous la surface de la terre, l’eau a une température de 90 degrés. En France ou en Allemagne, il faut atteindre au moins 2800 mètres pour y arriver, affirme Balazs Kobol, géologue, "donc c’est moins cher".
Chauffer des logements collectifs
L’énergie de cette eau est récupérée pour chauffer des logements collectifs. Selon Tamas Medgyes, elle permet de se passer de millions de mètres cubes de gaz russe. "Au lieu de chauffer de l’eau froide avec le gaz, on va chercher l’eau chaude sous nos pieds", explique-t-il.
Il y a cinq ans, le projet a été initié pour des raisons environnementales. La compagnie de chauffage était en effet le plus grand pollueur de la ville.
Mais depuis l'invasion de l'Ukraine, pour cette collectivité, c'est aussi un moyen d'assurer son approvisionnement. A Szeged, 100% de l'approvisionnement en chauffage dépendait auparavant du gaz russe.
Dans cette ville de 170'000 habitants, de nombreux résidents craignaient qu'une mauvaise odeur envahisse les habitations. "Ca ne sent rien du tout!", assure Katalin, une habitante d'un quartier où les travaux sont terminés. Et, selon elle, la température n'a pas changé.
Le gouvernement pas encore convaincu
Dès le début de l'année 2024, le réseau urbain de Szeged aura totalement basculé vers la géothermie et il chauffera 27'000 appartements, ainsi que des écoles, des crèches et des stades de sport.
C’est le plus grand projet géothermique en Europe après l’Islande. Le chantier a coûté plus de 50 millions d’euros. La moitié a été financée par l’Union européenne, l’autre par un investisseur privé.
Ce projet pilote pourrait être développé dans d’autres villes hongroises, estime le maire-adjoint de Szeged. Mais pour l'instant, le gouvernement de Viktor Orban préfère continuer à importer du gaz russe.
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Sujet radio: Florence La Bruyère
Adaptation web: Miroslav Mares