Après le séisme en Turquie et en Syrie, le sentiment d'impuissance de certains proches en Suisse
Le 6 février dernier, Raparine, Aziz ou encore Mehmet se réveillaient en voyant les images de leurs régions détruites par un tremblement de terre. Aujourd'hui, ces Turcs et Syriens qui vivent en Suisse se mobilisent à distance pour épauler leurs proches sinistrés.
"On essaie d'envoyer des vivres aux gens. C'est difficile, car il y a vraiment beaucoup de monde à aider, ça me dépasse vraiment", explique les larmes aux yeux Aziz Saklican, qui vit dans la région de Fribourg. Originaire de la région touchée par le séisme en Turquie, il a créé avec sa famille une association, Help For Pazarcik, pour apporter de l'aide aux sinistrés.
Raparine vit elle à Genève avec son mari et leurs deux enfants. Elle est arrivée en Suisse il y a huit ans, après avoir fui la Syrie: "C'est difficile d'être ici et de ne rien pouvoir faire. Je ne sais pas comment les aider, pour qu'ils sachent qu'on est avec eux." Elle espère pouvoir accueillir ses parents temporairement via la procédure accélérée mise en place par la Confédération pour les demandes de visas de personnes sinistrées qui ont des parents proches en Suisse.
Des critères précis pour un visa
Selon les chiffres transmis le 16 mars à la RTS par le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), un peu plus de 350 demandes ont été reçues, 104 de ces visas de 90 jours ont été délivrés et 34 refusés.
Le SEM précise que "dans de nombreux cas, les conditions d'obtention d'un visa ont déjà fait l’objet d'une évaluation positive. Pour que le visa soit effectivement délivré, il ne manque plus que la confirmation des proches en Suisse, attestant qu'ils hébergent ces personnes et qu'ils les prennent en charge".
Pour accéder à ces visas, les conditions sont bien précises. Les coûts liés au voyage et au séjour doivent notamment être pris en charge par les personnes concernées ou leurs hôtes. C'est un frein majeur, observe Rêzan Zehrê, juriste chez Caritas Suisse. Il reçoit régulièrement des demandes de proches de sinistrés: "Les critères restent inabordables pour beaucoup de personnes, notamment celles qui ont un statut humanitaire et pas d'activité lucrative."
Reconstruire sur place
Mais Rêzan Zehrê relève aussi que certaines personnes ne veulent pas s'en aller: "Il y a beaucoup de monde qui ne veut pas quitter la région, car leurs souvenirs s'y trouvent. C'est pour cela qu'il faut continuer l'aide humanitaire."
A Fribourg, la famille Saklican partage ce constat. "J'essaie de faire en sorte que les gens restent", explique Aziz, le papa, qui s'est rendu plusieurs fois sur place avec deux de ses fils.
Hakan en faisait partie. Il estime qu'il faut "remettre le plus vite possible en place le système de vie des gens". Il évoque aussi l'exemple d'amis qui y vivent de l'agriculture et sont très attachés à leurs terres. "Si on peut reconstruire et leur donner un moyen de rester sur place, c'est ce qu'il faut faire."
Katia Bitsch, Guillaume Rey