Elles décrivent tout d’abord une odeur désagréable de mandarine, de poisson pourri ou de peinture. Et dans les minutes qui suivent, les mêmes symptômes apparaissent: vertige, nausée, membres engourdis, difficultés respiratoires, maux de tête. En quatre mois, on parle de 5000 cas dans 25 des 31 provinces du pays.
Pour Mahnaz Shirali, sociologue, politiste et spécialiste de l’Iran, c'est très probablement l'Etat iranien qui se cache derrière ces attaques. "C'est un message très clair pour ces jeunes filles qui ont été particulièrement courageuses, qui étaient sur le devant de la scène des manifestations ces derniers mois", affirme-t-elle, interrogée dans Le Point J.
De nombreuses jeunes Iraniennes ont été emprisonnées, violées, torturées. Pour celles qui n'ont pas encore été arrêtées, les message est clair: "Attention, on est capable de vous tuer quand on veut."
Mahnas Shirani estime que ces attaques nécessitent un très haut niveau d'expertise en matière d'armes biologiques. Dans ce sens, elle évoque "le passé criminel" de l'Etat iranien et de ses forces paramilitaires, les Pasdarans - aussi appelés Gardiens de la Révolution - chargés de faire respecter les principes de la République islamique.
L'experte rappelle aussi que si les femmes représentent une majorité des étudiantes et des étudiants dans le pays (53%), elles sont par contre que 12% à participer à la vie économique de la société iranienne, contre 69% pour les hommes. "Même quand vous êtes hautement éduquée, la société vous est hostile et la sécurité n'est pas garantie sur le lieu de travail".
Où on est-on dans la contestation qui secoue le pays depuis la mort de Mahsa Amini ?
Juliane Roncoroni et l'équipe du Point J