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Les pénuries d'eau se généralisent, avec un "risque imminent" de crise mondiale, alerte l'ONU

Ces femmes ont récupéré de l'eau dans un réservoir donné à la veille de la Journée mondiale de l'eau, à la périphérie de Sana'a, au Yémen. La Journée mondiale de l'eau est célébrée chaque année le 22 mars pour souligner l'importance de l'eau douce. [Yahya Arhab]
Les pénuries d'eau se généralisent, avec un "risque imminent" de crise mondiale, alerte l'ONU / Le Journal horaire / 28 sec. / le 22 mars 2023
L'humanité "vampirique" épuise "goutte après goutte" les ressources en eau de la planète, a alerté l'ONU avant le début mercredi d'une conférence pour tenter de répondre aux besoins de milliards de personnes, en danger face à une crise mondiale de l'eau "imminente".

"Une surconsommation et un surdéveloppement vampiriques, une exploitation non durable des ressources en eau, la pollution et le réchauffement climatique incontrôlé sont en train d'épuiser, goutte après goutte, cette source de vie de l'humanité", s'alarme le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans l'avant-propos d'un rapport publié à quelques heures de cette conférence des Nations unies sur l'eau, inédite depuis près d'un demi-siècle.

"L'humanité s'est engagée aveuglément sur un chemin périlleux", souligne-t-il. Et "nous en subissons tous les conséquences". Pas assez d'eau par endroits, trop à d'autres où les inondations se multiplient, ou de l'eau contaminée: si les situations dramatiques sont légion dans de nombreux endroits de la planète, le rapport de l'ONU-Eau et de l'Unesco publié mardi souligne le "risque imminent d'une crise mondiale de l'eau".

ONU eau

"Combien de personnes seront touchées par cette crise mondiale de l'eau est une question de scénario", explique à l'AFP son auteur principal Richard Connor. "Si rien n'est fait, entre 40 et 50% de la population continuera à ne pas avoir accès à des services d'assainissement et environ 20-25% à de l'eau potable", note-t-il. Et même si les pourcentages ne changent pas, la population mondiale grossit et le nombre de personnes touchées avec.

>> Ecouter le reportage de La Matinale :

La mer Morte recule d'année en année car l'eau qui arrive jusqu’à son bassin est de plus en plus rare et s’évapore. Ces dix dernières années, il a plu en moyenne 15% de moins dans la région. [Keystone - Abir Sultan]Keystone - Abir Sultan
La mer Morte disparaît peu à peu à cause du manque d'eau / La Matinale / 2 min. / le 22 mars 2023

Plus de conférence depuis 1977

Pour tenter d'inverser la tendance et espérer garantir d'ici 2030 l'accès pour tous à de l'eau potable ou à des toilettes, objectifs fixés en 2015, quelque 6500 participants, dont une centaine de ministres et une douzaine de chefs d'Etat et de gouvernement se réunissent jusqu'à vendredi à New York, appelés à venir avec des engagements concrets. Mais déjà, certains observateurs s'inquiètent de la portée de ces engagements et de la disponibilité des financements nécessaires pour les mettre en oeuvre.

Pourtant, "il y a beaucoup à faire et le temps ne joue pas en notre faveur", commente Gilbert Houngbo, président de l'ONU-Eau, plateforme qui coordonne le travail des Nations Unies qui ne comptent aucune agence dédiée sur ce sujet. Aucune conférence de cette ampleur n'avait été organisée depuis 1977 sur cette question vitale mais trop longtemps ignorée.

Dans un monde où lors des 40 dernières années, l'utilisation de l'eau douce a augmenté de près de 1% par an, le rapport de l'ONU-Eau met en premier lieu en avant les pénuries d'eau qui "tendent à se généraliser", et à s'aggraver avec l'impact du réchauffement, jusqu'à frapper prochainement même les régions aujourd'hui épargnées en Asie de l'Est ou en Amérique du Sud.

Multiplier les investissements par trois

Ainsi, environ 10% de la population mondiale vit dans un pays où le stress hydrique atteint un niveau élevé ou critique. Et selon le rapport des experts climat de l'ONU (Giec) publié lundi, "environ la moitié de la population mondiale" subit de "graves" pénuries d'eau pendant au moins une partie de l'année.

Au moins deux milliards de personnes boivent de l'eau contaminée par des excréments, les exposant au choléra, la dysenterie, la typhoïde et à la polio. Sans oublier les pollutions par les produits pharmaceutiques, chimiques, pesticides, microplastiques ou nanomatériaux. Pour assurer l'accès de tous à l'eau potable d'ici à 2030, il faudrait multiplier les niveaux d'investissement actuels par trois au moins, estime l'ONU-Eau.

>> Ecouter aussi l'interview de Jean-François Rubin, directeur de la Maison de la Rivière à Tolochennaz, dans le 12h30 :

Jean-François Rubin, directeur de la Maison de la rivière à Tolochenaz. [DR]DR
La journée mondiale de l’eau, l’occasion de parler des pénuries: interview de Jean-François Rubin / Le 12h30 / 3 min. / le 22 mars 2023

afp/br

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