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La vidéosurveillance "intelligente" validée pour les JO de Paris 2024

Des drones pourront assurer une vidéosurveillance "intelligente" pendant les JO 2024 à Paris. [AFP - Dominique Faget]
La vidéosurveillance "intelligente" validée pour les JO de Paris 2024 / Le Journal horaire / 22 sec. / le 23 mars 2023
L'Assemblée nationale française a approuvé jeudi le recours à de la vidéosurveillance dite "intelligente", basée sur des algorithmes, que le gouvernement veut expérimenter avant et pendant les Jeux olympiques 2024 à Paris, malgré les craintes de dérive sécuritaire soulevées par la gauche.

L'article 7 du projet de loi olympique français prévoit à titre expérimental que la sécurisation "de manifestations sportives, récréatives ou culturelles" d'ampleur puisse recourir à des algorithmes. Il a été adopté à l'Assemblée nationale avec les voix du camp du président Emmanuel Macron, de la droite et de l'extrême droite, contre celles de la gauche.

Les Jeux olympiques 2024 à Paris sont en ligne de mire. Mais l'expérimentation, qui doit s'arrêter fin 2024, pourrait démarrer dès la promulgation de la loi. Elle concernait alors, par exemple, la prochaine Coupe du monde de rugby en septembre-octobre.

Détecter faits ou gestes à risque

Le but affiché est d'analyser les images captées par des caméras ou drones, pour détecter automatiquement des faits ou gestes potentiellement à risque. La liste des "événements" à détecter doit être fixée par décret, après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).

Lors des débats, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a cité en exemples "un départ de feu, des goulots d'étranglement de population, un colis ou un sac abandonné". Mais il n'est pas question de surveiller "les sweats à capuche", a-t-il assuré.

Les députés de gauche s'inquiètent du possible dévoiement de cette technologie, craignant que les JO ne servent de tremplin pour généraliser par la suite ce type de surveillance de la population.

Pas de reconnaissance faciale

L'exécutif insiste sur les garde-fous présents, l'absence de reconnaissance faciale et la nécessité de sécuriser les Jeux et les millions de spectateurs attendus. "Les événements prédéterminés concernent non pas des personnes mais des situations", a insisté Gérald Darmanin, sans convaincre les opposants.

Les associations de défense des libertés sont opposées à cette vidéosurveillance algorithmique, tout comme le Conseil national des barreaux.

Des données biométriques ou pas

Les débats ont beaucoup tourné autour du caractère "biométrique" ou non des données, pour par exemple permettre d'isoler et suivre une personne. La majorité et le gouvernement assurent qu'elles ne revêtent pas ce caractère. "Ce seront forcément des données biométriques", a rétorqué l'écologiste Sandra Regol.

Les députés de l'opposition ont tenté de circonscrire davantage l'expérimentation, de la cantonner aux abandons de bagage ou d'imposer le fait que l'Etat soit seul responsable de l'analyse des données, sans recourir au privé, mais sans succès.

Une précédente version de ce texte avait été largement approuvée par le Sénat fin janvier.

afp/oang

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