"J'appelle à une grève générale", a déclaré Arnon Bar David, chef de la Histadrout. "Dès la fin de cette conférence de presse, l'Etat d'Israël s'arrête [...] Nous avons pour mission d'arrêter le processus de législation et nous allons le faire", a-t-il dit.
Cette annonce a été suivie d'une autre, de l'Association médicale israélienne décrétant elle aussi une grève générale devant affecter les hôpitaux et services médicaux publics. Plus tôt dans la matinée, le président Isaac Herzog avait appelé le gouvernement à "stopper immédiatement" le travail législatif sur le projet de réforme judiciaire, après une nuit marquée par des heurts entre manifestants et policiers à Tel-Aviv.
Selon les médias israéliens, le Premier ministre Benjamin Netanyahu devrait s'exprimer publiquement dans la journée, et pourrait accepter une pause dans la réforme, conformément à cet appel.
Washington demande "un compromis"
Dimanche soir, des milliers de personnes sont descendues dans la rue à Tel-Aviv après le limogeage par Benjamin Netanyahu de son ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui avait plaidé publiquement la veille pour une pause dans la réforme, en exprimant des craintes pour la sécurité d'Israël.
Le projet de réforme proposée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des juges. Contesté dans la rue depuis bientôt trois mois, il est à l'origine d'un des plus grands mouvements de mobilisation populaire de l'histoire du pays.
Les détracteurs de la réforme estiment qu'elle risque de mettre en péril le caractère démocratique de l'Etat d'Israël. Mais, signe que le processus législatif n'a pas encore été enrayé, la Commission parlementaire des lois a voté lundi matin en faveur d'un des éléments centraux de la réforme, au coeur des inquiétudes de ses détracteurs: le projet de loi modifiant le processus de nomination des juges.
Alliés de poids d'Israël, les Etats-Unis se sont déclarés "profondément préoccupés", et ont souligné "la nécessité urgente d'un compromis".
"Menaces sur tous les fronts"
"J'appelle le Premier ministre à annuler le limogeage de Yoav Gallant. L'Etat d'Israël ne peut pas en ce moment, face aux menaces sur tous les fronts, s'autoriser un changement de ministre de la Défense", a déclaré de son côté lundi le chef de l'opposition israélienne Yaïr Lapid, dans une conférence de presse. Il avait salué samedi soir les propos de Yoav Gallant, les qualifiant de "pas courageux (...) pour la sécurité d'Israël".
Deux députés du Likoud, le parti de Benjamin Netanyahu dont est membre Yoav Gallant, ont par ailleurs exprimé sur Twitter leur soutien au ministre de la Défense déchu, soulevant ainsi la question de savoir si le gouvernement pourrait compter sur la majorité s'il procédait à un vote.
ats/ther