La région d'Hatay, l'une des plus touchées par les tremblements de terre du 6 février dernier, est couverte de camps de tentes. Des milliers d'entre elles ont été installées par l’organisme officiel d’aide turque AFAD, par des organismes d’aide onusiens ou des ONG.
Des centaines de milliers de personnes vivent là dans des conditions particulièrement difficiles. D'autant plus qu'il a beaucoup plu ces temps dans la région et que l’eau s'infiltre à l’intérieur. La vie, dans ces abris souvent partagés par plusieurs familles traumatisées, est particulièrement précaire.
Rien d'autre à faire que tout raser
La ville d'Hatay, elle, a été transformée en décor apocalyptique. "C’est cinématographique", a décrit le représentant d’une ONG turque interrogé par la RTS.
Des dizaines d’immeubles se sont effondrés et des milliers de bâtiments, de tours ou de maisons menacent toujours de s’écrouler. C’est irréparable, disent des habitants. Il faut tout détruire pour tout reconstruire, et le travail est titanesque. Il a du reste commencé, dans le bruit caractéristique des engins de chantiers et des camions qui rasent les maisons et évacuent les gravats.
Avant les séismes, Hatay (l'ancienne Antioche) comptait environ 2 millions d’habitants. Aujourd’hui, ils ne seraient plus que quelque 150'000 à vivre de façon très difficile, complètement assistés, dans les tentes et parfois des containers. Les autres sont partis se réfugier ailleurs.
Un hôpital debout au milieu des ruines
Construit il y a 14 ans, l’hôpital Mozaik, lui, a tenu le coup. Il est toujours debout et apparaît aujourd'hui comme un îlot de solidité au milieu d’un champ de ruines. Cette clinique privée mère-enfant a été soutenue par le groupe Santé du Corps suisse d’aide humanitaire. Le professeur Olivier Hagon et son équipe s'y sont installés pendant environ un mois.
>> Lire : Olivier Hagon: "Le temps passé en Turquie a été riche en émotions"
Aujourd’hui, l'établissement fonctionne avec les moyens du bord. Il est parfaitement équipé, mais manque de personnel. Une bonne partie du corps médical et des employés sont partis. Contacté par la RTS, Olivier Hagon se réjouit d’apprendre que les accouchements ont repris. Avant les séismes, la clinique en enregistrait près de 400 chaque mois - davantage qu’aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Le directeur médical, le Dr Mehmet Fathi Tokzöz, a expliqué de son côté qu'il y avait encore de quoi tenir une quarantaine de jours. Mais il ne sait pas comment le travail pourra continuer sans aide de l’Etat ou d’autres organismes.
La population de la région est traumatisée, troublée mentalement, épuisée par ce qu'elle a vécu. A tous les niveaux, le travail de reconstruction est titanesque.
Nicolas Vultier/oang