Ces dernières années, 16 projets de loi ont été présentés au Congrès. Aucun n’a dépassé les premiers débats.
Le sujet des mères porteuses fait beaucoup de bruit en Colombie. La Cour constitutionnelle a donc ordonné au Congrès l’an dernier de réglementer cette pratique dans le pays andin.
Les propositions de projet de loi sont en train d’être présentées. Le premier débat au Congrès aura lieu le 4 avril. En attendant, les Colombiennes continuent de proposer leurs services, ce qu’on appelle sur place "Alquiler de vientre", la location de ventres.
"Mon corps se détériore"
Patricia, une infirmière colombienne, a été mère porteuse à trois reprises et a aussi deux enfants. Elle raconte son expérience de mère porteuse au micro du 12h30 de la RTS.
"La première fois, c’était parce que je travaillais dans une clinique de fertilité comme infirmière. J’ai connu un couple d’Espagnols qui ne parvenait pas à avoir d’enfant. Je suis partie avec eux en Espagne. J’ai fait toute ma grossesse là-bas. Comme après chaque processus, mon corps se détériore. Maintenant, je conseille les familles qui veulent avoir recours à la gestation pour autrui."
Comme Patricia, beaucoup de Colombiennes proposent leurs services. Il est difficile d’avoir des chiffres précis mais les estimations tournent autour de 400 mères porteuses chaque année.
"Femmes vulnérables, avec peu de ressources"
Angela Bernal a enquêté sur ce marché florissant en Colombie. La psychologue et chercheuse est titulaire d’un magistère en bioéthique de l’Université Javeriana de Bogota.
"Il y a des femmes qui sont devenues mères porteuses pour seulement 10 millions de pesos (environ 1950 francs suisses) et d’autres pour plus de 40 millions (environ 7800 francs suisses)".
"Ce sont des femmes vulnérables, avec peu de ressources. Il leur manque souvent les choses les plus basiques. Elles deviennent mères porteuses pour payer une dette, pour payer des études universitaires et même pour subvenir aux besoins de leurs enfants", relève-t-elle.
Désir d'interdire la pratique
Pour ses raisons, beaucoup de voix s’élèvent contre le recours aux mères porteuses. Maria Cristina Hurtado veut interdire la pratique. Cette avocate, politologue de l’Université Nationale est défenseuse des droits des femmes, des enfants et des adolescents.
"C’est acheter ou louer des êtres humains qui sont considérés comme des objets", proteste l'avocate. "Le droit pénal colombien contient deux articles: les articles 188A et 188C, qui parlent le la traite des êtres humains et de la traite des enfants et des adolescents. Ces pratiques de mères porteuses peuvent être assimilées à ces infractions."
Jusqu’à présent, les projets de loi présentés au Congrès proposent, par exemple, la fin de la pratique commerciale de mère-porteuse, la limitation du nombre de grossesse à 2, l’interdiction du recours aux mères-porteuses pour les étrangers.
Sujet radio: Najet Benrabaa
Adaptation web: Julien Furrer