Le nombre de renvois vers l'Algérie a fortement augmenté en 2022
Le renvoi de personnes originaires d'Algérie a très nettement augmenté en 2022. Ils ont presque été multipliés par 10 par rapport à 2021, selon une analyse des chiffres fournis par le Secrétariat d'Etat aux Migrations. Ces personnes sont majoritairement des requérants d'asile déboutés ou des délinquants multirécidivistes.
Depuis des années, la majorité de droite au Parlement exige du Secrétariat d'Etat aux Migrations (SEM) qu'il accélère les renvois vers l'Algérie et le Maroc. L'attente est similaire du côté de Boudry (NE), où des jeunes hommes originaires du Maghreb ont récemment multiplié les infractions autour du centre fédéral d'asile.
>> Lire à ce sujet : La délinquance autour du centre d'asile de Boudry pèse sur la criminalité cantonale
Dans ce contexte particulièrement tendu, la conseillère fédérale chargée de ce dossier Elisabeth Baume-Schneider a glissé mardi dernier dans La Matinale de la RTS la petite phrase suivante: "Les renvois vers l’Algérie ont repris dans de bonnes conditions."
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Vols spéciaux
Après vérifications du Pôle enquête de la RTS, cette affirmation se confirme. Entre 2021 et 2022, le nombre de retours volontaires ou forcés vers l'Algérie est passé de 52 à 463. Un chiffre qui n'avait jamais été atteint, même les années précédant la pandémie, qui a fortement ralenti les procédures de renvoi.
Cette forte hausse est le résultat de longs pourparlers avec le gouvernement algérien et son administration. Après des années de refus, les vols spéciaux sont dorénavant acceptés. "Le SEM est à présent en mesure d’organiser des départs volontaires et non volontaires à partir des aéroports de Bâle-Mulhouse et avec des vols incluant des transits, ce qui est nouveau", a précisé une porte-parole à la RTS.
Autre raison: depuis décembre 2021, le consulat général d'Algérie délivre des documents de voyage pour les personnes qui quittent involontairement le pays.
Pas d'augmentation vers le Maroc et la Tunisie
En revanche, la situation est différente avec le Maroc et la Tunisie. Si le SEM parle de "bonne collaboration" avec ces deux Etats, le nombre de renvois effectifs est resté plutôt stable ces quatre dernières années.
En tout cas, il n'y a pas eu de hausse importante comme constatée avec l'Algérie, malgré un partenariat migratoire conclu en 2012 avec la Tunisie. Quant au Maroc, la Suisse n'a aucun accord de réadmission avec ce pays.
C'est forte de ces différents constats statistiques qu'Elisabeth Baume-Schneider doit se rendre ce mois-ci dans le canton de Neuchâtel, à la rencontre des autorités cantonales et de celles de la commune de Boudry.
Marc Menichini/jop
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De nombreuses personnes en attente de leur sort
Malgré la forte hausse des retours vers l'Algérie, le nombre de ressortissants de cet Etat qui doivent quitter la Suisse reste élevé: plus de 640 cas étaient en suspens à fin décembre 2022.
En cause, "l'augmentation générale des arrivées en provenance de ce pays", explique une porte-parole du SEM. "Mais en dépit de cette hausse importante, le nombre de personnes devant quitter le territoire est resté stable."
À la fin décembre 2022, la Suisse enregistrait 140 cas en suspens pour ce qui est des retours vers la Tunisie, et 291 cas pour le Maroc.