"Je sais pouvoir compter sur vous pour ramener la Russie à la raison et tout le monde à la table des négociations", a affirmé le chef de l'Etat français pendant une rencontre en face-à-face au Palais du peuple.
Après tout le cérémonial d'une visite d'Etat (accueil devant les troupes aux abords de la place Tiananmen, hymnes nationaux, 21 coups de canon), les deux dirigeants ont tenté d'afficher une certaine convergence de vues.
Un rôle pour la paix?
Il faut "une reprise des discussions au plus vite pour bâtir une paix durable", a estimé Emmanuel Macron à l'issue de l'entretien, tandis que Xi Jinping plaidait pour "une reprise des discussions de paix le plus tôt possible".
"Les armes nucléaires ne peuvent pas être utilisées", a souligné le chef de l'Etat chinois qui a condamné toute "attaque contre des civils" ainsi que tout "usage d'armes biologiques et chimiques".
"A cet égard, chacun doit être rappelé à ses devoirs, en particulier la Russie qui a annoncé l'autre jour vouloir déployer en Biélorussie de telles armes" nucléaires, "ce qui est non conforme aux engagements pris à vos égards, à nos égards et au droit international", a renchéri le président français, dans des déclarations devant la presse au côté de Xi Jinping.
S'il ne l'a pas dit devant les journalistes, Emmanuel Macron a aussi, selon un diplomate français, "pressé Xi Jinping de ne rien livrer à la Russie qui serve à sa guerre contre l'Ukraine", à un moment où les Occidentaux redoutent que la Chine ne fournisse des armes à Moscou.
Ursula von der Leyen aussi en Chine
Egalement présente pour une réunion trilatérale qui a suivi, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'est montrée encore plus explicite : "armer l'agresseur irait à l'encontre des lois internationales et cela nuirait significativement à notre relation", a-t-elle prévenu pendant une conférence de presse dans la soirée.
Xi Jinping s'est dit par ailleurs prêt à appeler son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, comme l'espère ce dernier, a-t-on aussi assuré côté français, même s'il a précisé qu'il le ferait au moment qu'il aura lui-même choisi. Un geste d'ouverture qui reste à confirmer mais jugé "positif" par la dirigeante européenne.
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Soutien chinois à la Russie
Ces dernières semaines, la pression internationale est montée d'un cran sur la Chine pour l'inciter à s'impliquer pour la paix en Ukraine. Car, si Pékin se dit officiellement neutre, Xi Jinping n'a jamais condamné l'invasion russe ni même parlé au téléphone avec son homologue ukrainien.
A l'inverse, il s'est rendu il y a peu à Moscou pour y réaffirmer son amitié avec le président russe Vladimir Poutine, aux allures de front anti-occidental.
Mais le rôle que pourrait jouer la Chine reste encore floue. Jeudi, le Kremlin a par exemple exclu la possibilité d'une médiation chinoise pour stopper les combats, estimant que la situation actuelle était "complexe" et qu'il n'existe pas de "perspectives de règlement politique."
>> Le suivi de la situation en Ukraine : Le Kremlin ne veut pas d’une médiation de la Chine
afp/cab/ther
Des accords commerciaux et exposition
Jeudi après-midi, des accords franco-chinois dans la recherche, la coopération culturelle, l'agriculture et l'éducation ont été conclus. Et Airbus va doubler sa capacité de production d'avions en Chine, à partir de 2025, en installant une seconde ligne d'assemblage d'avions à Tianjin (nord).
Un accord avec la Cité interdite a aussi été annoncé par le château de Versailles pour une exposition en 2024 en Chine sur les échanges entre les deux pays au XVIIIe siècle.
De son côté, Ursula von der Leyen a rappelé via Twitter que "le déficit commercial de l'UE (vis-à-vis de la Chine) augmente en raison de pratiques discriminatoires" et dit avoir discuté avec le Premier ministre chinois de "comment rééquilibrer notre commerce".