Le Conseil indien pour l’éducation dit vouloir alléger les livres scolaires afin de faciliter la reprise pédagogique après le Covid, mais la coupe semble sélective.
Toute une partie de l’histoire moghole et musulmane, qui s’étend sur environ six siècles, est effacée, alors que les actes violents des hindouistes, comme l’assassinat de Gandhi ou les pogroms anti-musulmans de 2002, sont édulcorés.
Inquiétude des historiens
Pour l'historien et président du Congrès indien d’histoire Aditya Mukherjee, ces changements sont choquants et inquiétants. "Il y a une tentative d’effacer les musulmans de l’histoire indienne", estime-t-il.
Depuis que le pays est dirigé par Narendra Modi, Premier ministre ultranationaliste hindou et son parti le Bharatiya Janata Party (BJP), les actes antimusulmans se multiplient en Inde. "Les noms musulmans sont retirés des rues et des villes et maintenant ils effacent l’histoire des Moghols, alors que c’est l'une des périodes les plus importantes de notre histoire", décrie Aditya Mukherjee.
"C’est ce qui précède généralement un génocide. C’est ce qui a été fait en Turquie contre les Arméniens: retrait des noms, ghettoïsation, effacement de l’histoire, puis génocide", s'alarme-t-il.
Mesure applaudie par le parti au pouvoir
Le parti de Narendra Modi se félicite au contraire de l'adoption de ces nouveaux livres scolaires. Un dirigeant du BJP, Kapil Mishra, a applaudi cette mesure, affirmant que les Moghols étaient "des voleurs, des pilleurs et des décadents" et que "leur place n’est pas dans des livres d’histoire, mais dans une poubelle".
Les musulmans représentent aujourd'hui la plus importante minorité en Inde, avec 14,2% de la population (soit environ 200 millions de personnes), mais subissent encore de nombreuses discriminations.
Sébastien Farcis/edel