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Une ONG étrille le système d'indemnisation des migrants caribéens au Royaume-Uni

Une ONG dénonce l’expulsion d’immigrés antillais par la Grande-Bretagne. [EPA/Keystone - Andy Rain]
Une ONG dénonce l’expulsion d’immigrés antillais par la Grande-Bretagne / La Matinale / 1 min. / le 17 avril 2023
Le dispositif mis en place par le gouvernement britannique pour indemniser les migrants caribéens de la "génération Windrush" n'est "pas adapté" et nécessite "une réforme urgente", selon un rapport très sévère de l'organisation Human Rights Watch (HRW) publié lundi.

Depuis 2012, le Royaume-Uni a adopté sa politique dite "de l'environnement hostile", qui visent à lutter radicalement contre l'immigration clandestine. Cette politique s'est retournée contre la "génération Windrush", d'anciens immigré antillais arrivé en Grande-Bretagne jusqu'au début des année 1970. Des milliers d'entre eux ont perdu leur emploi, leur logement et l'accès au soins médicaux.

La "génération Windrush" tire son nom du navire Empire Windrush, débarqué le 22 juin 1948 sur les côtes anglaises, avec à son bord des hommes et femmes originaires de Jamaïque, des Bermudes ou de Guyane britannique, arrivant pour apporter au Royaume-Uni la main-d'oeuvre qui lui faisait défaut dans l'après-guerre.

Mais "Windrush" est aussi synonyme de scandale, l'un des pires de l'histoire migratoire du Royaume-Uni, révélé en 2018: bien que censés être Britanniques, certains ont ensuite été traités comme des clandestins et ont dû prouver chaque année de présence au Royaume-Uni sous peine d'expulsion.

Preuves aberrantes

En 2019, les autorités ont annoncé un programme d'indemnisation. Mais quatre ans plus tard, l'organisation de défense des droits humains HRW étrille ce programme dans un rapport. En janvier, seulement 12,8% des 11'500 personnes éligibles avaient été compensées, selon l'ONG.

Les victimes doivent fournir des preuves aberrantes et la plupart sont exclues d’office. Les décisions sont arbitraires et en cas de refus, il n’y a pas de recours. Pour HRW, le scandale de Windrush est un nouvel exemple de "racisme institutionnalisé".

Le dispositif "est en train d'échouer et viole les droits de beaucoup de personnes à un recours effectif pour les violations des droits humains qu'elles ont subies", dit le rapport.

Nouvelle loi contre l'asile

En mars dernier, le gouvernement britannique a déposé un nouveau projet de loi visant à interdire l'asile pour celles et ceux arriverait en Grande-Bretagne par la Manche, ou par le biais de moyens dits "irréguliers". Le texte facilite la détention des migrants jusqu'à leur expulsion vers un pays tiers jugé sûr.

Néanmoins, la loi ne devrait pas pouvoir passer, car elle enfreint la Convention relative au statut des réfugiés de 1951, un traité international dont le Royaume-Uni fait partie.

Pour HWR, le gouvernement britannique souhaite faire passer un message hostile à l'égard de l'immigration, tout en sachant que son projet de loi a peu de chance d'être accepté.

Sidonie Gaucher/Raphaël Dubois

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