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Poursuivie pour diffamation, la chaîne américaine Fox News conclut un accord

La chaine de télévision américaine Fox News est accusée d'avoir colporté les affirmations conspirationnistes du camp de Donald Trump
La chaine de télévision américaine Fox News est accusée d'avoir colporté les affirmations conspirationnistes du camp de Donald Trump / 19h30 / 2 min. / le 18 avril 2023
La chaîne américaine Fox News a accepté dans un accord de dernière minute de verser 787,5 millions de dollars à l'entreprise de machines de vote électronique qui l'accusait de diffamation lors de l'élection présidentielle de 2020, a annoncé mardi l'avocat de la société.

"Les parties ont résolu leur litige", a annoncé mardi le juge Eric Davis aux jurés, au tout début du procès devant la cour supérieure de l'Etat américain du Delaware, à Wilmington. Il n'a donné aucun détail, notamment financier, alors que l'entreprise Dominion Voting Systems, qui fabrique des systèmes de vote électroniques, réclamait encore mardi matin 1,6 milliard de dollars de dommages-intérêts à la chaîne préférée des conservateurs américains.

L'entreprise Dominion Voting Systems, qui fabrique des systèmes de vote électroniques, accusait dans sa plainte Fox News de l'avoir présentée comme un instrument au service des démocrates pour truquer le scrutin, ce qu'affirmaient sans preuve des membres de la garde rapprochée de Donald Trump sur le plateau de la chaîne la plus regardée du câble américain.

Fox News s'est dit "satisfaite" d'avoir conclu un accord avec l'entreprise qui la poursuivait en diffamation, selon un communiqué. "Nous sommes heureux d'être parvenus à un règlement de notre différend avec Dominion Voting Systems", a déclaré dans un communiqué la chaîne, qui versera 787,5 millions de dollars à l'entreprise selon l'un de ses avocats. Fox News a aussi dit "prendre acte d'une décision de la cour jugeant fausses certaines affirmations concernant Dominion".

"Les mensonges ont des conséquences", a déclaré de son côté Justin Nelson, l'avocat de la société Dominion, lors d'une conférence de presse devant le tribunal de Wilmington.

Un procès très attendu

Cet accord évite ainsi à la perle de l'empire médiatique de Ruper Murdoch, propriétaire de Fox News, de subir "le procès en diffamation du siècle" comme l'a qualifié le New York Times. Et au magnat des médias, âgé de 92 ans, la perspective de devoir peut-être témoigner à la barre.

Avant même les débats, la procédure avait donné lieu à un déballage embarrassant pour Fox News, avec la publication d'échanges de courriels ou de SMS montrant que des vedettes de la chaîne, et même Rupert Murdoch, ne croyaient guère, en novembre 2020, au scénario d'une élection truquée, pendant que les accusations faisaient florès à l'antenne.

Le procès était très attendu aux Etats-Unis, où il était vu comme un test pour les limites de la liberté d'expression, garantie par le premier amendement de la Constitution, et pour la lutte contre la désinformation.

La sélection du jury avait repris mardi matin, avant les plaidoiries d'ouverture des deux camps prévues plus tard dans la journée. Le juge Eric Davis avait déjà reporté l'audience de lundi à mardi, un délai qui laissait supposer des négociations de dernière minute entre la chaîne poursuivie et sa maison mère Fox Corporation, et Dominion Voting Systems.

Des accusations jugées diffamatoires

Au total, l'entreprise Dominion Voting Systems, qui opérait dans 28 Etats durant l'élection de 2020, réclamait 1,6 milliard de dollars de dommages et intérêts devant ce tribunal civil. Une somme faramineuse mais à la hauteur, selon l'entreprise, du préjudice pour avoir été présentée sur la chaîne la plus regardée du câble américain comme "le méchant" d'une "histoire inventée de toutes pièces" après la présidentielle de novembre 2020 perdue par Donald Trump, a-t-elle écrit dans sa plainte.

Dans une ambiance tendue, le républicain accusait alors sans preuves le camp Biden de fraudes en tout genre. Et ses avocats, Rudy Giuliani et Sidney Powell, pointaient quasi quotidiennement du doigt Dominion sur les plateaux de Fox News. Selon eux, des milliers de votes auraient été injectés par l'entreprise pendant la nuit électorale.

Durant la phase préparatoire, le juge Eric Davis avait jugé "clair comme de l'eau de roche qu'aucune affirmation sur Dominion lors de l'élection de 2020 (n'était) vraie". Dominion a pointé vingt extraits qu'il jugeait diffamatoires.

Fox News nie avoir volontairement menti

Pour Fox News, chaîne incontournable dans le camp conservateur, et régulièrement accusée de se faire l'écho de théories conspirationnistes, il était légitime de donner la parole au camp Trump quand il contestait le vote et "essentiel pour la recherche de la vérité" de laisser s'exprimer toutes les parties.

Mais Dominion Voting Systems s'est appuyé sur les discussions internes pour soutenir que Fox News mentait à dessein, pour ne pas perdre ses téléspectateurs acquis à Donald Trump.

"Il faut la virer", disait l'une des vedettes de la chaîne, Tucker Carlson, à la vision d'un tweet d'une journaliste de la chaîne balayant les accusations de fraude. "Cela nuit considérablement à l'entreprise. Le cours de l'action est en baisse. Ce n'est pas une blague", ajoutait-il.

Fox News a accusé quant à elle Dominion Voting Systems d'avoir procédé à une sélection tronquée et biaisée des messages.

>> Réécouter les précisions de Tout un monde sur ce procès :

Fox News occupe une place particulière dans le paysage politique américain. [Reuters - Andrew Kelly]Reuters - Andrew Kelly
Fox News fait face à un procès en diffamation / Tout un monde / 4 min. / le 2 mars 2023

agences/gk/iar

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