![Vainqueur du World Press Photo, Evgeniy Maloletka pose à côté de son cliché pris à Marioupol, en Ukraine. [Keystone - AP Photo/Peter Dejong]](https://img.rts.ch/articles/2023/image/86ygq8-26139708.image?w=1280&h=720 "Vainqueur du World Press Photo, Evgeniy Maloletka pose à côté de son cliché pris à Marioupol, en Ukraine. [Keystone - AP Photo/Peter Dejong]")
L'image d'une frappe sur la maternité de Marioupol remporte le World Press Photo
Le cliché d'une femme blessée et évacuée de la maternité dévastée de Marioupol a reçu jeudi le premier prix du World Press Photo, une image qui met en lumière "le meurtre des futures générations d'Ukrainiens", selon le jury. La mère et son enfant sont décédés peu après.
Tâtant le bas de son ventre arrondi pendant qu'elle était évacuée sur un brancard, Iryna Kalinina lutte pour la vie après la frappe qui a ravagé la maternité de Marioupol, presque deux semaines après le début de l'invasion de l'Ukraine.
Cinq hommes se hâtent de l'éloigner d'un paysage de dévastation. L'un d'eux tient le bras de la femme, tandis qu'une fumée noire s'échappe encore du terrain boisé bordant le bâtiment en ruines.
"Miron", qui tirait son nom du mot "paix", est mort-né après la frappe et, une demi-heure plus tard, sa mère âgée de 32 ans mourait à son tour.
"Fait historique profondément douloureux"
La photo de ce drame a été prise par Evgeniy Maloletka, d'Associated Press (AP). Cet Ukrainien, qui a raconté être arrivé une heure avant l'invasion de Marioupol, a été l'un des rares photographes à y documenter les événements à cette époque.
Le cliché "capture l'absurdité et l'horreur de la guerre" et "met en lumière le meurtre des futures générations d'Ukrainiens", a déclaré le jury du plus prestigieux concours de photojournalisme. Il "apparaît comme un fait historique profondément douloureux".
En donnant une tribune à l'image, le jury "espère que le monde s'arrêtera et reconnaîtra les réalités intolérables de cette guerre et réfléchira à l'avenir de l'Ukraine".
"Pendant 20 jours, nous avons vécu avec des ambulanciers dans le sous-sol de l'hôpital et dans des abris avec des citoyens ordinaires, essayant de montrer la peur avec laquelle les Ukrainiens vivaient", a confié Evgeniy Maloletka.
Le travail du lauréat et d'autres photographes primés sera exposé à partir du 22 avril à Amsterdam, où siège la fondation, avant d'être montré dans le monde entier.
Symbole de la résistance ukrainienne
Symbole de la résistance ukrainienne, la cité portuaire de Marioupol a été assiégée et bombardée pendant de longues semaines par les forces russes au début de l'invasion de l'Ukraine.
La frappe ayant visé le 9 mars 2022 une maternité et un hôpital pédiatrique de cette ville du sud-est de l'Ukraine avait immédiatement suscité une vive émotion et des condamnations à travers le monde. Dans un premier temps, la Russie a nié être responsable de l'attaque contre l'hôpital, qui a fait trois morts et 17 blessés.
Marioupol était finalement tombée en mai 2022 après une résistance acharnée. Selon Kiev, elle a été à 90% détruite et au moins 20'000 personnes y ont péri. L'Union européenne avait qualifié son siège de "crime de guerre majeur".
>> Revoir le sujet du 19h30 d'avril 2022 consacré à Marioupol :
afp/boi
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D'autres prix
Le World Press Photo a par ailleurs récompensé du prix "Histoire de l'année" le "Prix de la Paix en Afghanistan", une série de neuf clichés du Danois Mads Nissen, récompensé en 2021 pour la photo d'une étreinte pendant la pandémie de Covid.
Le prix du projet "long terme" a été décerné à la photographe arménienne Anush Babajanyan qui a mis en lumière les impacts de la mauvaise gestion d'eau après la fin de l'Union soviétique au Kazakhstan, en Ouzbékistan, au Kirghizstan, et au Tadjikistan, aggravée par la crise climatique.
Quant à l'Egyptien Mohamed Mahdy, il a été récompensé pour ses images d'un village de pêcheurs en voie de disparition.