Cette polémique constitue l'un des derniers épisodes de la violente bataille culturelle que se livrent les deux grands partis américains.
Début avril, l'exclusion de deux élus démocrates afro-américains du parlement du Tennessee, pour avoir manifesté contre la violence par armes à feu, avait poussé le président Joe Biden à monter au créneau pour obtenir leur réintégration.
Depuis jeudi, Zooey Zephyr, seule parlementaire transgenre du Montana, n'a plus le droit d'intervenir au sein du parlement local. La majorité conservatrice de la Chambre lui reproche des propos jugés inappropriés.
Du sang sur les mains
Plus tôt dans la semaine, Zooey Zephyr avait estimé que ses collègues devraient "avoir honte" de voter une loi interdisant de délivrer aux mineurs transgenres des traitements hormonaux pour assurer leur transition.
"La prochaine fois (...) que vous inclinerez votre tête pour prier, j'espère que vous verrez le sang sur vos mains", avait lancé l'élue à l'adresse des républicains qui ont adopté ce texte. Elle estime que ce genre de lois pousse les personnes transgenres à se suicider.
Dans un communiqué publié jeudi soir, elle a expliqué que le Parlement "refuse de (l)'autoriser à (s)'exprimer sur tout projet de loi jusqu'à la fin de la session législative", à moins qu'elle ne s'excuse.
"Décision antidémocratique"
L'élue dénonce une "décision fondamentalement antidémocratique" de ces républicains, destinée à garantir "le silence alors qu'ils suppriment les droits des habitants transgenres et homosexuels du Montana."
Dès mardi, un groupe de 21 républicains avait signé une lettre réclamant la "censure" de Zooey Zephyr. Dans ce document, ils se réfèrent à elle en utilisant un pronom masculin.
Climat hostile envers les personnes transgenres
Malgré les avancées apportées par Joe Biden depuis sa législature, les droits des personnes des transgenres sont fortement attaqués depuis quelques années dans les États à majorité républicaine.
Selon le décompte de l'ONG américaine de défense des droits humains ACLU, le début de l'année 2021 marque même une envolée du nombre de projets de lois hostiles à ces personnes, avec 60 textes adoptés ou en discussion dans 25 Etats américains. C'est déjà plus que l'ensemble de l'année 2020 qui avait compté 41 mesures ou projets de limitation des droits des transgenres.
Plus récemment, le 20 avril dernier, la Chambre américaine a adopté un projet de loi visant à écarter les jeunes transgenres des sports féminins. Citant plusieurs versets de la Bible, selon lesquels Dieu a "créé l’homme et la femme", l’auteur du texte, le républicain Greg Steube, a accusé la gauche d’avoir "perverti" les moeurs américaines en acceptant "d’effacer les frontières entre les genres".
Le texte, qui a toutefois peu de chances de passer l’étape du Sénat, s’inscrit dans une bataille plus large contre les personnes transgenres aux Etats-Unis.
>> Lire aussi : Une femme transgenre candidate au poste de gouverneur aux Etats-Unis
hkr avec ats