Alors que le directeur du Programme alimentaire mondial a récemment déclaré que le monde fait face à la pire crise alimentaire depuis la Seconde Guerre mondiale, Debal Deb, écologiste devenu scientifique, fait pousser dans l'est de l'Inde plus de 70 espèces de riz qui ont totalement disparu ailleurs dans le monde.
Depuis plus de 30 ans, Debal Deb conserve dans sa ferme des espèces de riz indigènes qu’il collecte partout sur la planète. "Notre stock contient des variétés de riz qui proviennent de 16 états différents en Inde, mais aussi du Bangladesh, du Népal, des Philippines, d’Italie", énumère-t-il dans le 19h30.
Près de 1500 variétés
Au total, 1440 variétés de riz reposent dans les entrepôts de Debal Deb. En conservant ces semences, il espère pouvoir les faire revivre n’importe où, selon les évolutions du climat et les besoins des agriculteurs.
"Nous sommes les derniers dépositaires de ces graines, car nous continuons à les faire pousser chaque année, à les récolter et à les étudier. Certaines de ces variétés sont des riz qui résistent à la sécheresse, d’autres aux inondations… Ce sont des ressources en faveur de la sécurité alimentaire et c’est aussi un moyen de lutter contre le changement climatique."
Meilleurs rendements
Dans les champs alentour, des fermiers bénéficient déjà de la banque du riz de Debal Deb. Loknath Nauri a récemment abandonné les semences fournies par le gouvernement pour planter une variété ancienne, spécialement adaptée à ses sols. En conséquence, ses récoltes ont plus que doublé.
"Les graines que j’ai récupérées à la banque du riz ne sont pas gourmandes en eau et me donnent un très bon rendement. Je suis passé de deux quintaux récoltés à, quatre, cinq et parfois sept quintaux", se réjouit l'agriculteur.
Comme lui, plus de 8000 paysans à travers toute l’Inde font aujourd'hui revivre les semences indigènes de Debal Deb.
Abhijeet Pandey et Antoine Védeilhé/asch