Le directeur de cabinet de Catherine Colonna, cheffe de la diplomatie française, qui a reçu Lu Shaye, "a marqué le caractère inacceptable de la remise en cause du respect de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité territoriale de tous les Etats, principes fondamentaux de la Charte des Nations unies, qui s'impose à tous", précise le texte.
Il lui a aussi été rappelé que Pékin "avait reconnu dans leurs frontières existantes les quinze États qui ont acquis ou recouvré leur indépendance après la dissolution de l'Union soviétique".
Des propos polémiques tenus sur LCI
Lu Shaye, questionné par l'ancien journaliste de la RTS Darius Rochebin sur la chaîne d'informations française LCI concernant la province ukrainienne de Crimée annexée depuis 2014 par Moscou, avait nié vendredi la souveraineté d'ex-Républiques soviétiques. Ses propos ont suscité un tollé, d'autant plus fort que la Chine est perçue comme un soutien de fait de la Russie qui a envahi l'Ukraine en février 2022.
Les pays de l'ex-URSS "n'ont pas le statut effectif dans le droit international parce qu'il n'y a pas d'accord international pour concrétiser leur statut de pays souverain", avait-il déclaré.
Une levée de bouclier
Ces propos ont provoqué une levée de bouclier dans les Etats concernés à commencer par les Etats baltes, membres de l'Union européenne et de l'Otan, qui "vont convoquer" lundi les ambassadeurs chinois dans leurs capitales respectives pour "demander une clarification".
Plusieurs élus européens ont en outre cosigné une tribune ce lundi dans le journal Le Monde. Ils demandent à ce que l’ambassadeur de Chine en France soit déclaré persona non grata. Pour le conseiller national vert genevois Nicolas Walder qui a cosigné cette tribune, l'affaire est grave. Ce n'est en tout cas pas un simple dérapage.
"Je pense qu'il l'a fait avec l'aval de son gouvernement, sinon il aurait été rappelé à Pékin", explique-t-il dans Forum ce lundi. "Il a été rappelé à l'ordre quatre fois par le Quai d'Orsay, je pense qu'à un moment donné la France et les membres de l'Union européenne doivent réagir."
Pékin apaise
Face au tollé, le gouvernement a marqué sa différence par rapport aux propos de son ambassadeur, qui fait partie des "loups combattants", ce nouveau clan de diplomates chinois ne mâchant pas leurs mots face à un Occident perçu comme systématiquement hostile à Pékin.
Pékin a tenté d'apaiser la situation lundi en assurant respecter le "statut d'Etat souverain" des pays de l'ex-URSS nés après la dissolution de l'Union soviétique fin 1991.
"La Chine respecte la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de tous les pays et soutient les objectifs et les principes de la Charte des Nations unies", a aussi déclaré à la presse la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Mao Ning.
"Pas la place d'un diplomate"
La diplomatie française a indiqué qu'elle avait "pris note" de ces "clarifications" de Pékin.
Lundi, le président français Emmanuel Macron est revenu sur l'incident. "Je pense que ce n'est pas la place d'un diplomate de tenir ce type de langage", a déclaré Emmanuel Macron en marge d'un sommet sur l'éolien offshore organisé à Ostende en Belgique. "Donc, pleine solidarité aux pays qui ont été attaqués dans la lecture de leur histoire et leurs frontières", a-t-il ajouté.
ats/fgn