Modifié

Le bilan du jeûne mortel dans une secte au Kenya grimpe à 95 morts

Jeûne mortel dans une secte au Kenya: le bilan atteint 95 morts
Jeûne mortel dans une secte au Kenya: le bilan atteint 95 morts / L'actu en vidéo / 1 min. / le 26 avril 2023
Cinq nouveaux corps ont été exhumés mercredi dans la forêt de Shakahola, dans l'est du Kenya, portant à 95 le nombre de morts au sein d'une secte qui prônait un jeûne extrême pour "rencontrer Jésus".

Après avoir annoncé mardi soir une pause dans les recherches de fosses communes pour mener des autopsies et désengorger les morgues, les autorités kényanes ont repris les fouilles mercredi matin.

"Nous avons eu cinq exhumations, ce qui porte le nombre total de personnes qui ont perdu la vie à 95", a déclaré la préfète de la région Rhoda Onyancha.

Depuis le début des recherches, 39 personnes ont été retrouvées vivantes dans cette vaste zone de "bush" de 325 hectares et 22 sont en prison, a-t-elle précisé.

Un "pasteur" mis en cause

Paul Mackenzie Nthenge, le "pasteur" autoproclamé de ce groupe appelé Eglise Internationale de Bonne Nouvelle (Good News International Church), est en détention après s'être rendu à la police le 14 avril, lors des premières opérations policières dans la forêt.

La révélation de ce qui est désormais appelé "le massacre de la forêt de Shakahola" a suscité la stupeur au Kenya et suscité de nombreux appels à la répression vis-à-vis des sectes dans ce pays à majorité chrétienne.

Une majorité d'enfants

Hassan Musa, un responsable de la Croix-Rouge kényane, a indiqué que 311 personnes, "dont 150 mineurs", ont été déclarés disparues auprès de l'organisation à Malindi. "Il s'agit de personnes principalement originaires du Kenya, mais aussi de Tanzanie et du Nigeria. Certaines sont portées disparues depuis des années", a-t-il détaillé.

Selon Hussein Khalid, directeur de l'ONG Haki Africa qui a alerté la police sur les activités de Paul Mackenzie Nthenge, le "pasteur" avait préconisé d'affamer les enfants en premier, puis les femmes et enfin les hommes avant la fin du monde qui devait venir en juin.

Selon lui, entre 50 et 60% des dépouilles sont des enfants, retrouvés enveloppés dans des tissus de coton dans des fosses peu profondes. "Nous ne savons pas combien de fosses communes, combien de corps nous pourrons trouver", a déclaré mardi le ministre de l'Intérieur Kithure Kindiki, ajoutant que les crimes commis étaient suffisamment graves pour justifier des poursuites pour terrorisme contre Paul Mackenzie Nthenge.

Le président kényan William Ruto a promis de prendre des mesures contre les pasteurs autoproclamés tels que Paul Mackenzie Nthenge "qui veulent utiliser la religion pour promouvoir des idéologies louches et inacceptables".

Failles judiciaires ?

Cette affaire suscite également de nombreuses interrogations sur des failles des autorités policières et judiciaires, qui connaissaient le "pasteur" depuis plusieurs années. Il avait été arrêté une première fois en 2017, accusé de "radicalisation" parce qu'il prônait de ne pas scolariser les enfants, affirmant que l'éducation n'était pas reconnue dans la Bible.

Il avait de nouveau été arrêté le mois dernier, après la mort de deux enfants affamés par leurs parents liés à la secte. Il avait rejeté les accusations et avait été libéré contre une caution de 100'000 shillings kényans (environ 670 francs).

En prison depuis le 14 avril, il a comparu devant un tribunal le lendemain. Il doit de nouveau être entendu le 2 mai.

afp/doe

Publié Modifié