"L'ourse a grogné méchamment et m'a attaqué. Si j'avais été seul, je ne m'en serais pas sorti"

"L'ourse a surgi de derrière un buisson. Elle a grogné méchamment et m'a immédiatement attaqué. Elle m'a donné un coup de patte dans l'épaule, je suis tombé et elle a recommencé à m'attaquer. Elle voulait me mordre à la gorge. J'ai essayé de lui donner des coups de pied pour la repousser, mais elle m'a mordu la jambe et m'a soulevé. Elle voulait me tirer dans les bois et c'est là que mon papa est intervenu. Il lui a sauté sur le dos, il a attrapé la tête de l'ourse. L'ourse m'a lâché et elle a attaqué mon papa."

Trois ans après avoir été attaqué non loin du village de Caldes, dans la région italienne du Trentin, Christian est encore sous le choc: "Ce sont des moments de terreur, des moments terribles à vivre." Lui et son père ont été gravement blessés, mais ils ont eu la chance d'être deux. "Si j'avais été seul, je pense que je ne m'en serais pas sorti."

Trois fois plus d'ours que prévu

Andrea, lui, était seul. Il a été tué par la même ourse alors qu'il faisait du jogging sur un chemin. Le décès du jeune homme de 26 ans a soulevé une vague d'émotion et de colère dans toute la région.

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Il faut dire que les ours s'aventurent toujours plus loin. Lorsque l'animal a été réintroduit dans la région à la fin des années 1990, le plan des autorités était d’atteindre une population de 50 ours. Aujourd'hui, ils seraient près de trois fois plus.

"Ce sont des animaux dangereux. Ils doivent être éliminés immédiatement, nous ne devons pas les laisser continuer à errer et à créer des problèmes. Sinon ça va continuer à grossir", s'inquiète dans Mise au Point Diego Cortesi, éleveur à Poschiavo (GR), juste de l'autre côté de la frontière, dont le bétail a été attaqué par un ours.

La population demande justice

Mais avec les recours qui sont lancés, l'abattage des ours est compliqué, notamment en Italie où le sort de ces animaux est devenu une affaire hautement politique. Pourtant, les habitants, qui ont maintenant peur d'aller dans les bois, demandent justice.

"Après mon attaque, les autorités voulaient abattre cet ours. Les défenseurs des droits des animaux ont alors fait plusieurs recours, en disant que c'était une femelle avec des petits. De recours en recours, ils ont bloqué la procédure d'abattage et, à la fin, rien n'a été fait", regrette Christian.

"Nous ne nous sentons pas responsables", réagit Simone Stefani, de l'organisation de défenses des animaux LAV, qui a notamment fait recours. "Nous pensons que la responsabilité incombe à ceux qui, en premier lieu, ont prévu le retour de ces animaux, le repeuplement, sans s'assurer que tous les éléments nécessaires à la coexistence soient réunis."

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"Le Ministère de l’environnement va s’activer à trouver par le canal diplomatique d’autres endroits où on peut envoyer les ours qui sont en trop sur notre territoire", a récemment déclaré Maurizio Fugatti, président de la région Trentin.

La question est de savoir où envoyer ces quelque 70 ours surnuméraires. La Lombardie voisine a déjà décliné. La Suisse fait partie des options envisagées par l'Italie, mais les Grisons ne veulent pas non plus en entendre parler. Pourtant, tôt ou tard, faute de place, l'ours s'installera là où il le souhaite.

Sujet TV: Sébastien Faure
Texte web: boi et vkiss