"Les nationalismes recommencent à gronder", déplore le pape lors de sa visite en Hongrie
Dans les rues de la capitale Budapest, placée sous haute sécurité, le jésuite argentin, 86 ans, a été accueilli par des habitants agitant des drapeaux de la Hongrie et du Vatican. Il y passera la totalité de son séjour en raison de sa santé fragile, qui sera observée de près, un mois après son hospitalisation.
Dans son premier discours prononcé dans ce pays d'Europe centrale frontalier de l'Ukraine, le pape a déploré "le triste déclin du rêve choral de paix, tandis que les solistes de la guerre prennent la place".
"Les nationalismes grondent"
"Les nationalismes recommencent à gronder", a-t-il souligné, jugeant que la politique internationale "régresse vers une sorte d'infantilisme belliqueux". "Dans ce moment historique, l'Europe est fondamentale [...] Il est donc essentiel de retrouver l'âme européenne", a insisté le souverain pontife.
Exception au sein de l'Union européenne, la Hongrie n'a pas coupé ses liens avec le Kremlin. Viktor Orban, le Premier ministre, se garde de critiquer le président russe et refuse d'envoyer des armes à Kiev.
De son côté, le pape condamne l'"agression" de l'Ukraine "martyrisée", mais le Saint-Siège tente de maintenir tant bien que mal un dialogue avec Moscou, bien que sa tentative de médiation n'ait pas abouti jusqu'ici.
Tradition chrétienne
Dans ce pays de 9,7 millions d'habitants, dont quelque 39% de catholiques selon les derniers chiffres datant de 2011, Viktor Orban et ses partisans sont soucieux de mettre en avant les points communs avec le chef de l'Eglise catholique.
Dans son discours, le pape a aussi salué les valeurs chrétiennes traditionnelles portées par le gouvernement hongrois, notamment à travers ses "politiques efficaces pour la natalité et la famille". Il a fustigé au passage les "colonisations idéologiques qui éliminent les différences, comme dans le cas de ladite culture du genre" et l'"échec tragique" de l'avortement.
Devoir d'accueil
Jorge Bergoglio a toutefois rappelé à la Hongrie son devoir d'accueil envers les migrants, insistant sur la "nécessité d'ouverture aux autres" face à la tendance "à se replier sur soi-même".
"Les valeurs chrétiennes ne peuvent être témoignées à travers la rigidité et les fermetures", a-t-il mis en garde, alors que la Hongrie a érigé des clôtures à ses frontières et restreint le dépôt des demandes d'asile aux ambassades à l'étranger, s'attirant plusieurs condamnations de la Cour de justice de l'UE.
Fervent défenseur des droits des réfugiés, le pape, lui, ne cesse de plaider pour un accueil bienveillant et une juste répartition au sein de l'Union européenne.
Malgré son âge avancé et ses douleurs au genou l'obligeant à se déplacer avec une canne ou en chaise roulante, le chef de l'Eglise catholique continue de voyager. Il est le deuxième pape à se rendre en Hongrie après les visites de Jean Paul II en 1991 et 1996.
ats/juma