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MSF dénonce un "risque d’insécurité généralisée et de violences contre les populations" au Soudan

Les combats se poursuivent au Soudan malgré une prolongation de la trêve. [KEYSTONE - AP Photo/Marwan Ali]
Médecins Sans Frontières intensifie sa présence au Soudan: interview de Sylvain Perron / Forum / 6 min. / le 29 avril 2023
Le Soudan est entré dans sa troisième semaine de combats et la trêve annoncée vendredi n'a quasiment pas été respectée, ni par l'armée, ni par les paramilitaires. Selon Sylvain Perron, chargé de coordination à Médecins Sans Frontières, la situation est dramatique, notamment au Darfour.

Le Soudan est plongé dans le chaos depuis l'éclatement le 15 avril d'une sanglante lutte de pouvoir entre le chef de l'armée, Abdel Fattah al-Burhane, et son numéro deux, Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hedmedti", à la tête des Forces de soutien rapide.

Les combats ont fait plus de 500 morts et 4100 blessés, selon des statistiques officielles, qui seraient largement sous-évaluées. Quelque 75'000 personnes ont été déplacées en raison des combats, particulièrement violents dans la région instable du Darfour, selon les Nations unies.

Interrogé samedi dans Forum, Sylvain Perron, chargé de la coordination des missions de Médecins Sans Frontières dans le pays, considère que la situation, déjà mauvaise avant le conflit, s'est gravement empirée. "Les besoins humanitaires sont immenses. Je parle de besoins chirurgicaux, de la prise en charge des blessés, mais aussi des besoins médicaux nécessaires à Médecins Sans Frontières pour réaliser ses missions."

Il y a eu des pillages généralisés, le pillage de l'hôpital [...], mais aussi de bureaux, d'entrepôts et d'organisations humanitaires.

Sylvain Perron, chargés de la coordination des missions de Médecin sans Frontières au Soudan

"Le ministère de la Santé soudanais essaie de continuer à opérer, alors que les hôpitaux de Khartoum sont mal en point," rapporte-t-il. Les médecins manquent de médicaments et de matériel médical, précise Sylvain Perron. "On a aussi appris qu'un hôpital s'est fait piller dans la ville d’El-Geneina, au Darfour."

Risque de guerre civile au Darfour

La ville d'El-Geneina, qui est restée calme la première semaine du conflit, a connu un épisode extrêmement violent cette semaine, explique Sylvain Perron. "Il y a eu des pillages généralisés, le pillage de l'hôpital, comme je le disais, mais aussi de bureaux, d'entrepôts et d'organisations humanitaires."

Selon lui, il y a un risque prononcé de guerre civile au Darfour, alors même que la guerre ne s'y est jamais vraiment terminée avant le début de ce nouveau conflit. "On a observé des périodes de violences récurrentes sur les quatre dernières années. Il y a un risque très fort d’insécurité généralisée, de violences contre les populations."

L'humanitaire précise qu'il n’y a pas eu de réconciliation, qu'il n'y a pas de justice et que les armes sont répandues dans tout le pays. "Le risque de conflit civil est immense et ces combats en sont le résultat. On est déjà dans une situation de quasi-guerre", ajoute-t-il.

Un cessez-le-feu non respecté

"Si le cessez-le-feu était respecté, cela permettrait que l'ensemble des acteurs soudanais et internationaux puissent opérer dans ces conditions de conflit," estime Sylvain Perron. "Ce n'est pas le cas et on voit l'émergence de groupes qui ont leur propre agenda." Afin de mener à bien ses actions, Médecins Sans Frontières doit négocier avec ces groupes pour assurer la sécurité de ses équipes et apporter une assistance aux populations.

Même si la situation est dangereuse, l'ONG souhaite intensifier ses activités dans le pays. "Plus de 2000 membres de MSF travaillent au Soudan et nous essayons d'être en contact avec eux au quotidien", explique encore le chargé de coordination.

"Nous avons mis en place des systèmes de cascade de communication: nous communiquons auprès de plusieurs collègues qui communiquent à leur tour avec d'autres collègues", détaille Sylvain Perron. Il s'agit d'abord de savoir si eux et leur famille vont bien et si l'ONG peut les aider.

Interview radio: Cynthia Gani

Adaptation web: Raphaël Dubois avec afp

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