Des millions de Soudanais sont pris au piège des bombardements et des tirs antiaériens depuis le déclenchement le 15 avril d'une impitoyable guerre de pouvoir entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et son numéro deux, le général Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les Forces de soutien rapide (FSR), des paramilitaires particulièrement redoutés.
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La trêve annoncée par les deux camps n'a pas été respectée, mais elle a permis de maintenir les couloirs de passage sécurisés pour l'évacuation d'étrangers et de poursuivre les négociations. Conclue "sous médiation des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite", selon l'armée, elle a été prolongée de 72 heures dimanche soir.
La guerre a fait 528 morts et 4599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués, et les deux camps s'accusent mutuellement de violer la trêve.
Dimanche, des témoins ont fait état de combats près du quartier général de l'armée à Khartoum et de frappes aériennes à Omdurman, banlieue nord de la capitale.
"Intensifier les efforts"
Alors que les combats entrent dans leur troisième semaine, les cinq millions d'habitants de la capitale, quand ils ne fuient pas, restent barricadés, essayant de survivre aux pénuries de nourriture, d'eau et d'électricité.
Les gouvernements étrangers ont évacué leurs ressortissants et des citoyens d'autres nationalités, surtout depuis Port-Soudan vers Jeddah, en Arabie saoudite, sur l'autre rive de la mer Rouge.
Malgré les appels de la communauté internationale, aucune solution diplomatique n'est en vue entre les deux rivaux en treillis, qui continuent de s'invectiver par médias interposés.
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Quelque 75'000 déplacés, selon l'ONU
"L'ONU intensifie ses efforts pour aider les personnes en quête de sécurité dans les pays voisins", assure sur Twitter son Secrétaire général Antonio Guterres, qui dit soutenir toute médiation africaine.
Selon l'ONU, 75'000 personnes sont déplacées à l'intérieur du pays et au moins 20'000 ont fui vers le Tchad, 4000 vers le Soudan du Sud, 3500 vers l'Ethiopie et 3000 vers la Centrafrique. Au total, jusqu'à 270'000 personnes pourraient fuir si la guerre continue.
Les autorités soudanaises indiquent que les combats touchent 12 des 18 Etats qui composent ce pays de 45 millions d'habitants, l'un des plus pauvres au monde.
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afp/hkr
Une soixantaine de Suisses rapatriés du Soudan
Une soixantaine de ressortissants suisses ont à ce jour pu quitter le Soudan via des vols organisés par des Etats tiers, a indiqué dimanche le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Celui-ci a connaissance d'environ 25 autres personnes ayant un lien avec la Suisse et qui souhaitent quitter le pays en proie à un conflit armé.
Les personnes qui ont quitté le Soudan l'ont fait par des transports organisés par des pays tiers, notamment la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, la Jordanie, l'Arabie saoudite, le Canada et le Royaume-Uni, précise le DFAE.
Celui-ci soutient les citoyens suisses au Soudan sur la base de la loi sur les Suisses de l'étranger et dans la mesure de ses possibilités, ajoute-t-il.
Une première cargaison du CICR à destination de Port-Soudan
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a expédié dimanche des secours médicaux d’urgence depuis Amman en Jordanie à destination de Port-Soudan. Il répond ainsi au conflit qui a éclaté au Soudan il y a une quinzaine de jours.
Ce premier chargement de 8 tonnes de secours humanitaires comprend du matériel chirurgical destiné à aider les hôpitaux locaux et les volontaires du Croissant-Rouge soudanais à soigner les personnes blessées lors des combats, peut-on lire dans un communiqué du CICR dimanche. L'ONG s’apprête à affréter un deuxième avion pour acheminer davantage de secours médicaux et de personnel humanitaire.