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Poundbury, la ville sortie d'un autre temps imaginée par le roi Charles

Reportage à Poundbury, une ville imaginée par Charles III
Reportage à Poundbury, une ville imaginée par Charles III / 19h30 / 4 min. / le 30 avril 2023
Le roi Charles III, passionné d'architecture, a fait construire la ville de Poundbury dans le sud de l’Angleterre. L’endroit est très particulier et les habitants doivent y respecter une série de règles très précises imposées par Charles, ce qui peut parfois mener à des tensions.

Une statue de la reine mère au cœur de la ville, un pavillon royal monumental et même une bière servie en l’honneur du roi Charles III: Poundbury, la ville créée de toutes pièces par le nouveau souverain britannique, a tout d’un Disneyland pour les grands amoureux de la famille royale.

"Le Roi Charles adore l’architecture classique et sa régularité, sa symétrie. Tout est très élégant. Il n’y a rien de moche ici", s'enthousiasme dimanche dans le 19h30 Anne-Marie Scott-Mason, architecte d'intérieur et spécialiste de Poundbury.

L'architecture moderne bannie

Le roi Charles a commencé à bâtir cette ville en 1989 en suivant des principes très rigoureux. Son objectif était de créer une ville à son image.

Les tours en verre et l’architecture moderne sont bannies de Poundbury. Tout doit ressembler à une ville ancienne.

"C’est tellement agréable de ne voir aucun panneau de circulation. Il n’y a aucune restriction. Pas de ligne blanche ou ligne jaune sur la route. Une rue ressemble beaucoup à ce qu'elle était au bon vieux temps", admire Anne-Marie Scott-Mason.

Les routes de Poundbury ne comportent aucune ligne. [Reuters - Toby Melville]
Les routes de Poundbury ne comportent aucune ligne. [Reuters - Toby Melville]

Un règlement de 52 pages

Les résidents s’engagent à respecter un règlement long de 52 pages. Ainsi, personne n'a le droit d'installer une antenne satellite et changer la couleur de la porte de sa maison nécessite une procédure complexe.

C’est un peu comme un régime autocratique ou une prison. [...] Vous n’avez pas d’autonomie ou de liberté d’expression ici

Une habitante de Poundbury

Même si Poundbury peut avoir des airs de ville fantôme, presque 5000 habitants s’y sont installés depuis sa création. Si beaucoup adhèrent aux règles imposées par leur roi, d’autres sont frustrés par les restrictions. L’année dernière, une résidente a reçu une notice d’éviction parce qu’elle avait installé trop de pots de plantes devant sa maison.

"C’est un peu comme un régime autocratique ou une prison. Quand vous avez quelque chose d'aussi ordonné et structuré que cet endroit, vous avez beaucoup de limites et de discipline. Vous n’avez pas d’autonomie ou de liberté d’expression ici", dénonce cette habitante.

De nombreux défis pour les autorités

Pour Richard Biggs, conseiller municipal du Parti libéral-démocrate, faire recours à des principes urbains inspirés du 19e siècle en 2023 peut parfois être un problème.

"Les gens parquent leurs multiples voitures partout, comme il n’y pas de délimitations au sol. C’est un peu la mêlée. Du coup, ça crée des problèmes atypiques et on doit trouver des solutions innovantes."

Tout le monde sait que le roi Charles est passionné par la cause environnementale. Maintenant, on espère juste qu’il fera vraiment quelque chose

Rchard Biggs, conseiller municipal du parti libéral-démocrate

Le plus grand défi de Richard Biggs est de réussir à rendre la ville plus écologique. Le roi Charles a en effet interdit les panneaux solaires sur les toits des bâtiments pour des raisons esthétiques.

"Tout le monde sait que le roi Charles est passionné par la cause environnementale. Maintenant, on espère juste qu’il fera vraiment quelque chose. Jusqu’à maintenant, l’esthétique de la ville a éclipsé d’autres considérations", regrette le conseiller municipal.

Sujet TV: Clément Bürge

Adaptation web: Antoine Schaub

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