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Face au manque de confiance, des observateurs citoyens vont scruter les élections turques

Les Turcs d'Allemagne ont déjà commencé à voter pour les prochaines élections. [Keystone - Rolf Vennenbernd]
Les Türkiye Gönüllüleri pour surveiller les prochaines élections en Turquie / La Matinale / 2 min. / le 1 mai 2023
Le 14 mai, la Turquie élira son président et son Parlement. Dans les sondages, le président Recep Tayyip Erdoğan est au coude à coude avec son principal rival, le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu. Pour empêcher toute manipulation des votes, des initiatives citoyennes forment des volontaires pour en observer le déroulement et le dépouillement.

Ce jour-là, les "Türkiye Gönüllüleri" - littéralement "les volontaires de la Turquie" - auront pour mission de photographier chaque procès-verbal signé par chaque bureau de vote, puis de le télécharger dans un programme informatique qui enregistre, en temps réel, le décompte des votes.

"Notre but n'est pas tant de publier des résultats que d'archiver des données qui pourront être utilisées immédiatement en cas de contestations", explique Ayçe Yücel, l'une des fondatrices.

"Conserver tous les résultats, c'est nous réserver le droit de dire au Haut conseil électoral: 'Une minute, il faut recompter à tel ou tel endroit'. Evidemment, chaque parti fera la même chose avec son propre système. Nous serons là en appui", poursuit-elle.

>> Relire : Les élections maintenues au 14 mai en Turquie malgré le séisme

Manque de confiance

Si ce genre d'initiative a vu le jour en Turquie ces dernières années, c'est que les opposants n'ont pas confiance dans les résultats proclamés par le Haut conseil électoral.

"Bien sûr que ce n'est pas plaisant de devoir prendre de telles précautions, je le reconnais. Mais il y a plein de rumeurs… Alors le seul moyen d'avoir l'esprit tranquille, c'est de se mobiliser en tant que volontaires", assure Ayçe Yücel.

Initiative de l'opposition

L'initiative "Türkiye Gönüllüleri" soutient et est soutenue par l'Alliance de la nation - six partis d'opposition unis derrière le principal rival de Recep Tayyip Erdoğan, Kemal Kiliçdaroglu. La semaine dernière, leurs doutes ont été attisés par une déclaration du ministre de l'Intérieur, Süleyman Soylu. Ce dernier a estimé que "l'Occident" se préparait à accomplir un "coup d'État politique" en Turquie le 14 mai.

"Aborder les élections dans un tel climat de tension politique pose en soi un problème pour la sécurité du vote", critique fermement Oğuz Kaan Salici, vice-président du CHP, le principal parti d'opposition. "Cette mentalité qui assimile le vote à un coup d'État pose un problème de sécurité. Le fait que ces propos émanent du ministre de l'Intérieur nous montre l'ampleur du problème. Nous exigeons des élections transparentes et que les résultats annoncés soient fidèles aux bulletins mis dans les urnes."

L'initiative citoyenne des "volontaires de la Turquie" revendique actuellement plus de 100'000 membres et espère en compter deux fois plus le jour J, pour être représentée dans chaque bureau de vote.

Sujet web: Anne Andlauer

Adaptation web: juma

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