Modifié

Jeûner à mort pour Jésus: premières autopsies d'une dérive sectaire au Kenya

Jeûner à mort pour Jésus: premières autopsies d'une dérive sectaire au Kenya. [Keystone - AP]
Jeûner à mort pour Jésus: premières autopsies d'une dérive sectaire au Kenya. - [Keystone - AP]
Les premières autopsies menées lundi sur 10 des 109 victimes retrouvées dans une forêt du sud-est du Kenya, où se réunissait une secte, ont révélé des décès causés par la faim mais aussi par asphyxie, a annoncé le responsable des opérations médico-légales.

Lors de cette première journée, les médecins ont autopsié neuf corps d'enfants âgés de un à 10 ans et un de femme, a déclaré à la presse le chef des services nationaux de médecine légale, le Docteur Johansen Oduor.

"La plupart d'entre eux avaient des caractéristiques de famine. Nous avons vu des caractéristiques de personnes qui n'ont pas mangé, il n'y avait pas de nourriture dans l'estomac, la couche de graisse était très fine", a-t-il détaillé.

Deux enfants présentaient toutefois des signes de morts par asphyxie. "D'après ce que nous entendons, il y a des indications qu'ils (les enfants) étaient étouffés. Cela peut être l'une des causes de l'asphyxie. C'était (le cas) chez deux enfants", a-t-il affirmé.

>> Voir à ce sujet une vidéo sur l'ancien bilan de 95 morts :

Jeûne mortel dans une secte au Kenya: le bilan atteint 95 morts
Jeûne mortel dans une secte au Kenya: le bilan atteint 95 morts / L'actu en vidéo / 1 min. / le 26 avril 2023

Eglise Internationale de Bonne nouvelle

Au moins 109 personnes, dont une majorité d'enfants, sont mortes dans la forêt de Shakahola où se réunissaient les adeptes d'une secte appelée Eglise Internationale de Bonne nouvelle, selon un bilan encore provisoire.

Ces autopsies sont une "étape cruciale", qui "devrait prendre environ une semaine si tout se passe bien", a déclaré lundi le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki.

Jeûner à mort "pour rencontrer Jésus"

Les enquêteurs soupçonnent que de nombreux adeptes sont morts de faim après avoir suivi les préceptes du pasteur autoproclamé de la secte, Paul Mackenzie Nthenge, qui prônait de jeûner jusqu'à la mort "pour rencontrer Jésus".

Mais "des rapports préliminaires que nous obtenons indiquent que certaines victimes ne sont peut-être pas mortes de faim", avait souligné vendredi Kithure Kindiki, précisant que certains corps portaient des blessures.

>> Au sujet des dérives sectaires sur le continent africain, écouter aussi l'émission Hautes fréquences de la RTS :

Des corps exhumés à Malindi, Kenya, 23 avril 2023 [Keystone - sda.ch]Keystone - sda.ch
LʹAfrique au défi des dérives sectaires / Hautes fréquences / 13 min. / le 30 avril 2023

Deux pasteurs sous les verrous

Sous le choc après la révélation de ce qui est désormais appelé le "massacre de la forêt de Shakahola", le Kenya a vu l'affaire prendre un tour inattendu jeudi avec l'arrestation d'un des plus célèbres pasteurs du pays, Ezekiel Odero, soupçonné d'y être lié.

"Il existe des informations crédibles reliant les corps exhumés (...) à Shakahola" avec "plusieurs adeptes innocents et vulnérables (de l'église d'Odero) qui auraient trouvé la mort", estiment les procureurs dans un document judiciaire consulté vendredi par l'AFP.

Les deux pasteurs, actuellement détenus, doivent comparaître mardi devant des tribunaux de deux villes différentes.

furr avec ats/afp

Publié Modifié