"Il y a une majorité de femmes et d'enfants" parmi les réfugiés, a dit mardi à la presse à Genève une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
Ceux qui arrivent sont "plus vulnérables" que la semaine dernière. Ils manquent souvent de nourriture ou d'eau depuis plusieurs jours. Le HCR a établi des centres de transit. L'objectif est de pouvoir enregistrer chaque réfugié dans un délai de trois jours.
Les violents affrontements à Khartoum et dans d'autres régions, en particulier au Darfour (ouest), ont fait plus de 500 morts et dix fois plus de blessés, selon des bilans largement sous-évalués. Dimanche, une nouvelle trêve quasiment jamais respectée a été renouvelée pour 72 heures.
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Fuite de la population
Parmi les 100'000 personnes qui ont quitté le pays, des dizaines de milliers ont rejoint l'Egypte. Le même nombre environ sont arrivés au Tchad où ils dorment parfois sous des arbres ou des abris improvisés. Plus de 21'000 réfugiés ont déjà été enregistrés dans ce pays.
Lundi, le Haut commissaire aux réfugiés Filippo Grandi avait estimé que plus de 800'000 personnes pourraient fuir le pays dans les prochains mois. Parmi elles, 600'000 seraient des Soudanais ou des réfugiés au Soudan contraints de se rendre dans un pays tiers. Et 200'000 seraient des réfugiés, notamment sud-soudanais, qui rentreraient dans leur pays.
"Il est très difficile d'anticiper ce qui va avoir lieu", a admis la porte-parole. "Les chiffres changent rapidement". "Dans les prochaines semaines, ils vont augmenter", a aussi dit la responsable du HCR.
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Plus de 330'000 déplacés internes
De son côté, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a affirmé que les affrontements ont fait en deux semaines plus de 330'000 déplacés internes. Plus de deux tiers d'entre eux se trouvaient au Darfour et beaucoup de réfugiés sont partis de Khartoum vers des camps dans d'autres Etats soudanais.
Le déplacement "est dangereux" et provoque de nouveaux besoins, affirme un porte-parole. Lorsqu'elles franchissent des frontières, les capacités pour les recevoir sont dépassées.
Vendredi, l'ONU avait affirmé que plusieurs milliers de personnes restaient bloquées chez elles en raison des violences entre les parties. Difficile de savoir si ce chiffre a pu être résorbé.
Le porte-parole de l'OIM part du principe que certaines personnes doivent encore rester "barricadées" face à la volatilité observée. Mais certaines activités économiques reprennent un peu, notamment certains marchés.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) est elle moins alarmiste que la semaine dernière sur la menace liée à la prise d'un laboratoire où se trouvent des agents pathogènes très contagieux. D'"énorme", celle-ci a été ramenée à "modérée". L'inquiétude première en termes de santé porte plutôt sur la possibilité de soigner les patients, a insisté un porte-parole.
Hôpitaux et humanitaires pas épargnés
Dans un appel au président kenyan, le secrétaire d'Etat Antony Blinken a "réitéré le soutien des Etats-Unis" aux efforts diplomatiques pour "mettre fin au conflit" et assurer "un accès humanitaire sans entrave".
Le responsable de l'ONU pour les affaires humanitaires Martin Griffiths s'est rendu lundi à Nairobi pour une mission d'urgence. La situation "depuis le 15 avril est catastrophique", a-t-il tweeté.
D'autant que les violences et les pillages n'ont épargné ni les hôpitaux ni les organisations humanitaires, dont beaucoup ont dû suspendre une grande partie de leurs activités.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) craint elle aussi une "catastrophe" pour le système de santé, déjà très fragile avant la guerre au Soudan, l'un des pays les plus pauvres au monde et sous embargo international pendant deux décennies.
Seuls 16% des établissements de santé fonctionnent véritablement à Khartoum, mais, même là, le matériel et le personnel, épuisé, viennent à manquer.
Aide au compte-goutte
L'aide parvient toutefois au compte-goutte: six conteneurs de matériel médical de l'OMS sont arrivés, notamment pour traiter les blessés graves et les patients souffrant de malnutrition aiguë. Du carburant, de plus en plus rare, a été distribué à certains hôpitaux qui dépendent de générateurs.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a aussi commencé à reprendre ses activités, après une suspension temporaire justifiée par la mort de trois employés.
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agences/vajo
1,5 milliard de dollars à trouver
A la demande du secrétaire général Antonio Guterres, le chef des affaires humanitaires de l'ONU Martin Griffiths est lui arrivé dans la région. Il doit notamment se rendre à Port-Soudan pour mieux évaluer la situation.
Le financement manque pour mener une assistance humanitaire adaptée. Le décalage par rapport à l'appel de l'ONU et de ses partenaires pour le Soudan cette année atteint 1,5 milliard de dollars, a affirmé un porte-parole du Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).
Les violences ont fait des centaines de victimes et des milliers de blessés. Le personnel international a été évacué de Khartoum vers Port-Soudan.