Ignazio Cassis appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à "restaurer la confiance" pour une paix durable
La Suisse occupera ce siège pendant tout le mois de mai. Ce mandat intervient après un mois de présidence du Conseil de sécurité par la Russie, un changement attendu par les observateurs des Nations unies.
"Cette présidence suisse offrira un contraste avec la présidence russe, sur le ton employé, le décorum et les attentes que l’on peut avoir", a estimé le professeur à la New York University Christopher Ankersen mercredi devant les caméras du 19h30 de la RTS.
Appel à une prise de responsabilité
"Il est temps que le Conseil de sécurité saisisse ses responsabilités et réfléchisse à son potentiel d’action face à la multiplication des crises", a affirmé Ignazio Cassis lors de cette séance du Conseil de sécurité. Il a estimé que "les injustices et les violations" de la Charte de l'ONU ne permettent pas "le retranchement de chacun derrière ses positions".
Même si "la Russie a violé massivement le droit public international et la Charte de l'ONU", son appel ne fait pas uniquement référence à l'offensive russe en Ukraine, a précisé Ignazio Cassis dans le 19h30. "Je l'ai dit aussi pour tous les autres pays qui, de manière un peu moins brutale, violent continuellement des traités internationaux et la Charte de l'ONU. La confiance consiste à maintenir la parole et à suivre les règles", poursuit-il.
Rétablir la confiance
Parmi les premiers chantiers, il faut "restaurer la confiance" pour favoriser une paix durable. Selon Ignazio Cassis, cette étape passe par un cadre commun établi sur les droits humains et le droit international.
"Nous nous sommes demandé quels étaient les fondamentaux pour assurer la paix et son maintien et nous avons parlé de la confiance: la confiance entre les êtres humains et entre les peuples", explique Ignazio Cassis. "La discussion n'était donc pas trop technique, mais davantage axée sur l'être humain, pour comprendre pourquoi l'être humain n'apprend pas de l'histoire".
L'utilité du Conseil de sécurité
Donner du sens à une institution régulièrement bloquée sera la grande difficulté de cette présidence. "La Russie et la Chine sont membres permanents du Conseil de sécurité", rappelle Christopher Ankersen. "Leur droit de veto sur toute proposition réduit les possibilités d’agir de cette institution, en grande partie à cause des intérêts de ses Etats membres".
Ignazio Cassis croit tout de même en l'efficacité d'une telle institution. "Le système multilatéral n'est pas né en tant que club de pays partageant les même idées, mais en tant que plateforme d'échange", explique-t-il. "Et même si l'on n'est pas d'accord, c'est la seule possibilité que nous avons de nous parler. Et sans nous parler, la situation serait encore pire", poursuit le conseiller fédéral.
Le rôle de la Suisse
En étant à la tête du Conseil de sécurité de l'ONU, la Suisse a l’occasion de mettre en avant ses valeurs et sa diplomatie. De plus, cette présidence intervient dans une période difficile. "Nous avons des conflits, nous avons une crise climatique et nous avons eu une crise pandémique, donc c'est un moment difficile pour la planète", résume Ignazio Cassis.
"Que peut faire la Suisse dans ces moments-là? Elle bâtit des ponts. Elle fait ce qu'elle a toujours fait. Elle se met à faire parler des gens qui ont de la peine à se parler", affirme-t-il, soulignant le rôle de médiateur de la Suisse.
Le conseiller fédéral souligne également les défis concrets accomplis par la Suisse: "Nous avons contribué à rouvrir et à améliorer les couloirs humanitaires, par exemple en Syrie en janvier. Nous avons oeuvré pour des aides rapides pour le tremblement de terre en Turquie. Et aujourd'hui, on fait réfléchir le collège sur un mot: la confiance".
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Emilie Délétroz