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En Turquie, le séisme et ses suites font vaciller le vote Erdogan

Reportage à une semaine d’élections indécises en Turquie. Le débat sur la reconstruction du pays après le séisme est agité
Reportage à une semaine d’élections indécises en Turquie. Le débat sur la reconstruction du pays après le séisme est agité / 19h30 / 2 min. / le 7 mai 2023
Le violent séisme qui a secoué la Turquie et la Syrie en février a ébranlé les certitudes de nombreux électeurs fidèles au président sortant Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis vingt ans. La partie est cependant loin d'être jouée.

Trois mois après le tremblement de terre, le président sortant Recep Tayyip Erdogan s'affiche partout à Adiyaman. Dans cette ville du sud-est de la Turquie, proche de Gaziantep, des dizaines de milliers d'habitants ont perdu leur logement dans le violent séisme du 6 février, qui a fait plus de 50'000 morts.

Pour eux, les élections présidentielle et législatives de dimanche pourraient être l'occasion d'exprimer leur mécontentement. Car après la secousse, il a fallu trois jours aux secours pour arriver. Trois jours durant lesquels les survivants transis ont entendu leurs proches appeler à l'aide dans les décombres. En vain.

Depuis, Recep Tayyip Erdogan est venu en personne demander "pardon" aux habitants de cette province meurtrie, s'excusant des retards dans l'aide apportée. Il a aussi promis de reconstruire toutes les zones sinistrées – qui abritaient 13 millions de personnes – d'ici le début 2024.

Opposition optimiste

Mais cette annonce en pleine campagne n'a cependant pas convaincu tout le monde à Adiyaman. Dans ce bastion de l'AKP, le parti au pouvoir, le doute s'est immiscé dans les esprits même si rares sont celles et ceux à oser l'exprimer à voix haute.

"Je regrette mille fois d'avoir voté pour Erdogan par le passé", confie à la RTS une habitante relogée dans un conteneur en attendant que son logement soit reconstruit.

Le séisme n’a pas enseveli que les habitants de cette ville mais aussi le pouvoir actuel

Seyhmus Ocak, président de la jeunesse du CHP Adiyaman

Du côté de l'opposition, on confirme recevoir un meilleur accueil depuis le séisme. Rencontré lors d'une distribution de tracts dans ce quartier provisoire, le président de la jeunesse du CHP, le principal parti d'opposition turc, Seyhmus Ocak, ne cache pas son optimisme.

"Erdogan a été élu à la tête du pays après le tremblement de terre d'Istanbul en 1999. Celui-ci le fera quitter le pouvoir", espère-t-il.

Modèle interrogé

Le séisme du 17 août 1999, survenu en pleine nuit, avait fait plus de 17'000 morts dans le nord-ouest de la Turquie et révélé la médiocrité des constructions. La colère suscitée par la catastrophe avait alors alimenté un mécontentement plus large, nourri par la situation économique, et propulsé Recep Tayyip Erdogan au pouvoir.

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L'avènement de l'homme fort de l'AKP, en 2003, a inauguré un nouveau modèle économique reposant sur l'immobilier et les grands chantiers, qui a profondément transformé la Turquie.

Les énormes dégâts du tremblement de terre ont balayé l'image de prospérité qu'Erdogan et son parti imposaient

Osman Balaban, professeur d'urbanisme

Ce modèle est aujourd'hui interrogé, alors que de nombreuses constructions de l'ère Erdogan se sont effondrées en quelques secondes le 6 février, attestant du non-respect des normes sismiques.

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"Cela peut avoir une influence sur les élections, mais je ne sais pas si ce sera assez gros pour provoquer la chute d'Erdogan", juge Osman Balaban, professeur d'urbanisme à l'Université technique du Moyen-Orient d'Ankara, cité par l'Agence France-Presse (AFP).

Issue incertaine

Si le pouvoir de l'AKP semble vaciller, difficile de mesurer l'ampleur de cette vague de fond alors que pour la première fois en vingt ans, le président sortant Recep Tayyip Erdogan, 69 ans, affronte une opposition unie autour d'un candidat, qui plus est dans un contexte de crise.

A cette incertitude s'ajoute le manque de confiance de l'opposition turque dans les résultats proclamés par le Haut conseil électoral. Depuis quelques années, les initiatives citoyennes se multiplient pour empêcher toute manipulation des votes.

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Des appels ont aussi été lancés pour garantir le droit de vote des plus de trois millions de personnes déplacées à cause du séisme et qui avaient jusqu'au 2 avril – seulement – pour modifier leur adresse sur les listes électorales. Toutes ne pourront vraisemblablement pas retourner chez elles pour voter, au risque de réduire l'impact du séisme dans les urnes.

Les sondages – désormais interdits jusqu'au scrutin – prédisent une présidentielle serrée, que les deux camps affirment pouvoir remporter au premier tour, faute de quoi un deuxième tour sera organisé le 28 mai.

Reportage TV: Stephen Mossaz, envoyé spécial en Turquie

Adaptation web: jgal

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