Occupée par la Russie de février à avril 2022, la ville de Borodyanka avait été ravagée par les combats dès les premiers jours de l'invasion. Sur le mur d'un bâtiment mutilé de la ville, située à quelques kilomètres au nord-ouest de Kiev, Banksy a peint au pochoir un enfant faisant tomber un homme en tenue de judo, l'un des sports préférés du président russe Vladimir Poutine.
L'oeuvre, surnommée par les habitants "David contre Goliath", est devenue un symbole de la résistance ukrainienne aux bombardements russes. "Le symbolisme de Banksy nous parle... Le petit garçon, c'est nous, c'est l'Ukraine. Et nous sommes plus forts que la Russie", a témoigné Nataliya Wyschinskaja, directrice de la culture de Borodyanka, cette semaine dans le 12h45 de la RTS.
Alerter sur les dérives de notre société et les guerres constitue le fil rouge de l'oeuvre de Banksy. En 2001, il a ainsi braqué les projecteurs sur le mouvement zapatiste du Chiapas, au Mexique. En 2005, il s'est rendu à Gaza pour dénoncer les injustices en Palestine et il a ouvert en 2017 à Bethléem le Walled-Off Hotel, un musée-hôtel.
Des oeuvres à plusieurs millions de francs
Pour protéger l'oeuvre de Banksy, Borodyanka a construit autour du pochoir un pavillon muni d'un système d'alarme. Son prix se chiffre en effet en millions de francs, Banksy étant aujourd'hui l'un des dix artistes les plus cotés dans le milieu de l'art contemporain. L'avenir de "David contre Goliath" est désormais en suspens. "Je pense qu'il est préférable de la laisser ici. Le site fait partie du message de Banksy", estime Svetlana, une habitante de la ville.
A Gostomel, un autre pochoir, qui représente un individu portant un masque à gaz debout sur une chaise, a fait l'objet d'une tentative de vol. Des individus avaient découpé le mur de la maison sur laquelle l'oeuvre avait été réalisée. Mais les voleurs ont pu être interpellés.
Protégées ou déplacées
Quant au "Vieillard au bain", célèbre dans toute l'Ukraine, il restera sur son site d'origine. "Le graffiti sera protégé avec du verre pare-balles. Le bâtiment sera rénové et habité", explique le maire de Gostomel Serhij Borisjuk.
De son côté, la ville d'Irpin a également sécurisé "La gymnaste de Bansky" avec un verre de protection et un système d'alarme. Mais l'oeuvre ne pourra pas rester, parce que l'immeuble doit être démoli. "Nous allons installer l'oeuvre sur la place de la Littérature. Elle sera ainsi accessible pour nos citoyens et visiteurs ", a indiqué le maire d'Irpin Oleksandr Markuschyn.
En revanche, sur la place Maïdan à Kiev, l'oeuvre n'est pas protégée. Les deux enfants, comme jouant avec les protections anti-chars, rappellent avec humour qu'un jour peut-être, les cris des enfants résonneront à nouveau à la place des sirènes des bombardements.
Sujet TV: Anne Delaite avec SRF
Adaptation web: Valentin Jordil