Publié

Le nombre de migrants arrivant en Europe via la Méditerranée a bondi de 300%

Des migrants et réfugiés Africains en mer Méditerranée. [Keystone - Pau de la Calle]
Boom des entrées illégales en mer Méditerranée / Le Journal horaire / 23 sec. / le 12 mai 2023
Les traversées de migrants via la Méditerranée centrale ont atteint des niveaux sans précédent ces derniers mois. Des gangs de passeurs de plus en plus organisés produisent des bateaux de fortune beaucoup plus facilement, a indiqué le chef de l'agence européenne des frontières.

Entre janvier et avril, le nombre d'entrées irrégulières dans l'UE par la Méditerranée centrale a augmenté de près de 300% par rapport à la même période de 2022, atteignant 42'200.

"Je n'ai jamais vu cela auparavant", a déclaré vendredi Hans Leijtens, chef de l'agence européenne des frontières, ajoutant que ces passages représentaient un peu plus de la moitié des 80'700 entrées irrégulières dans l'UE détectées jusqu'à présent cette année.

"Surtout depuis la Tunisie, nous constatons en ce moment une croissance de 1100% par rapport à l'année dernière", a précisé Hans Leijtens.

Nouveau mode opératoire

Dans un communiqué, Frontex a déclaré vendredi que le niveau de passages par cette voie est le plus élevé depuis que l'agence a commencé à collecter des données en 2009.

Selon Hans Leijtens, la forte augmentation est due au changement de mode opératoire des passeurs, et au prix plus bas d'un passage.

"Ils utilisent actuellement de petites embarcations de fortune en métal qui peuvent être produites sur la plage en une journée", et qui coûte environ 1000 euros, explique le responsable.

"Les prix plus bas signifient qu'ils ont besoin de volumes plus importants. Il y a donc une raison pour eux de pousser davantage. Cela peut également expliquer les chiffres actuels", a-t-il ajouté.

Frontex critiquée par les ONG

Des ONG des droits de l'Homme, notamment Human Rights Watch, avaient accusé Frontex d'être complice des abus contre les migrants en Libye et de collaborer avec la garde côtière libyenne pour intercepter les bateaux.

Selon Hans Leijtens, l'agence ne coopérait en aucune manière avec la Libye. Il a rejeté les accusations selon lesquelles elle favoriserait les refoulements en informant les autorités des lieux où se trouvent les bateaux dans les zones de recherche et de sauvetage européennes.

La mission d'enquête des Nations unies a averti que les migrants bloqués en Libye en essayant de rejoindre l'Europe sont systématiquement torturés et forcés à l'esclavage sexuel.

Restaurer la confiance

Suite à la démission de son prédécesseur, Fabrice Leggeri, le nouveau chef de Frontex, a promis en janvier de restaurer la confiance dans l'organisation et d'arrêter les refoulements.

Il a promis une refonte de l'organisation, ébranlée par des accusations de complicité dans des violations des droits de l'Homme.

Deux mois après sa prise de fonction, Hans Leijtens a déclaré qu'il "ne pouvait pas assurer" que les refoulements illégaux de migrants ne se produisaient pas dans l'UE.

ats/juma

Publié