Cyclone le plus violent dans la région depuis 16 ans, Mocha a touché les côtes du Bangladesh
Accompagné de vents violents soufflant jusqu'à 195 km/h, Mocha devait suivre une trajectoire située entre Cox's Bazar, au Bangladesh, où vit 1 million de réfugiés, et Sittwe en Birmanie, selon le service de météorologie bangladais.
Dans cette ville côtière de 150'000 habitants, des images postées sur les réseaux sociaux montrent des rues transformées en torrents au passage du cyclone, le plus puissant depuis plus de 10 ans dans le golfe du Bengale. Dans un camp de déplacés rohingyas à Kyaukphyu dans l'État de Rakhine, le vent emportait les habitations rudimentaires faites de bâches et de bambous.
"Nous allons maintenant surveiller si l'eau de mer monte jusqu'à chez nous... notre camp peut être inondé", a témoigné le chef d'un camp de déplacés. "Les maisons de notre camp, construites en bambou et avec des bâches, peuvent être emportées même par des vents légers", complète un réfugié du camp de Nayapara à Cox's Bazar. "Les écoles, désignées comme abris anticycloniques, ne sont pas assez solides pour résister aux vents d'un cyclone. Nous avons peur."
Onde de marée de 3,5 mètres
A Teknaf, au Bangladesh, des vents violents ont déraciné des arbres, interrompu la circulation et poussé les habitants à se mettre à l'abri.
Samedi, des milliers d'habitants de Sittwe ont fui avec leurs biens et leurs animaux domestiques dans des voitures et des tuk-tuks vers des lieux plus en altitude, Mocha devant provoquer une onde de marée d'environ 3,5 mètres. La Croix-Rouge birmane a indiqué dans un communiqué qu'elle se "préparait à réagir à une urgence majeure".
Au Bangladesh, 190'000 personnes ont été évacuées de Cox's Bazar et près de 100'000 de la ville proche de Chittagong, selon les autorités. "Elles ont été emmenées dans près de 4000 abris anti-cyclone", a précisé samedi soir le commissaire divisionnaire Aminur Rahman.
Camps de Rohingyas évacués
Les autorités ont fait savoir que des milliers de volontaires évacuaient les Rohingyas des "zones à risque" vers des structures plus solides telles que des écoles, tandis que des milliers de personnes ont fui l'île touristique de Saint-Martin, située sur la trajectoire de Mocha.
Les autorités bangladaises ont interdit aux Rohingyas de construire des maisons permanentes en béton, craignant que cela ne les incite à s'installer définitivement plutôt qu'à retourner en Birmanie, qu'ils ont fuie en 2017.
Les prévisionnistes s'attendent à ce que le cyclone apporte un déluge de pluie qui pourrait provoquer des glissements de terrain. La plupart des camps sont construits à flanc de colline et les éboulements sont fréquents dans la région. "Tous les Rohingyas des camps sont en danger", a prévenu le commissaire adjoint aux Réfugiés du Bangladesh Shamsud Douza.
afp/vic
Tempête la plus puissante depuis le cyclone Sidr en 2007
"Le cyclone Mocha est la tempête la plus puissante depuis le cyclone Sidr", a indiqué Azizur Rahman, directeur du service météorologique du Bangladesh.
En novembre 2007, Sidr avait ravagé le sud-ouest du Bangladesh, faisant plus de 3000 morts et plusieurs milliards de dollars de dégâts.
>> Relire : Sidr: les secours s'activent au Bangladesh
Intensité croissante
Les cyclones, parfois appelés ouragans dans l'Atlantique et typhons dans le Pacifique, sont une menace régulière sur les côtes du nord de l'océan Indien, où vivent des dizaines de millions de personnes.
En mai 2008, Nargis a fait au moins 138'000 morts ou disparus, cette fois en Birmanie, la pire catastrophe naturelle de l'histoire de ce pays.
L'intensité croissante des cyclones relevée ces dernières années dans plusieurs régions du monde est partiellement attribuée au changement climatique.