Ces températures extrêmes durent depuis la mi-avril et ont des conséquences sur les populations, mais aussi sur l'agriculture, et notamment le riz, troisième céréale la plus produite au monde. C'est l'aliment de base de plus de la moitié de la population mondiale, en Afrique et surtout en Asie, qui en produit et en consomme le 90%.
En Asie du Sud, les températures actuelles sont en ce moment 15 degrés au-dessus de la température optimale de croissance du riz, qui est de 31 degrés. Or, selon les spécialistes, les premiers dégâts peuvent s'observer dès 35 degrés. Il y a donc un risque important, avec les 45 degrés actuels, d'observer des chocs thermiques.
La production baisse et les prix grimpent
Les recherches s'activent pour trouver des riz plus tolérants à la chaleur, mais en attendant, la production baisse et les prix grimpent dans des régions où la culture du riz est capitale pour l'économie.
Par ricochet, certains pays pourraient se retrouver affectés par des crises sociales ou politiques. Il faut dire qu'après trois années consécutives d'abondance, la production de riz a commencé à chuter l'an dernier déjà. En cause, notamment, les canicules, les sécheresses et les inondations qui ont dévasté les cultures en Inde, au Pakistan, en Chine, en Californie et en Europe. Et les premiers mois de l'année 2023 ne devraient pas arranger la situation.
Sujets radio: Foued Boukari, Pauline Rappaz
Adaptation web: Vincent Cherpillod
Un réchauffement qui sourit au riz suisse
En Suisse, la culture du riz se développe de plus en plus, même si les riziculteurs sont encore rares. Craignent-ils eux aussi la hausse des températures?
"Pour nous, le réchauffement climatique a un impact plutôt positif. Il y a 30 ans, ça aurait été impensable de cultiver du riz ici", a expliqué lundi dans La Matinale de la RTS le riziculteur Léandre Guillod, dont l'exploitation se situe dans la région du Vully, au bord du canal de la Broye.
"C'est vrai que des températures au-dessus de 35 degrés peuvent poser problème. Mais on est quand même très au nord. A moyen terme, il n'y a pas de problème", prévoit-il. "Ensuite, on pourra aussi jouer avec des variétés différentes. On essaie vraiment d'adapter notre technique pour se préparer à des situations pas forcément favorables."
Ces nouvelles variétés sont notamment testées à l'Agroscope de Changins. "Ces dernières années, on a fait différents essais avec diverses variétés de riz. Mais la variété 'Loto', déjà cultivée en Suisse, est la meilleure. Elle pousse très vite. C'est un riz utilisé pour le risotto. Il est plutôt rond et petit", détaille Yvonne Fabian, biologiste à l'Agroscope et spécialiste en riziculture.